Le dessert de la cantine

Ce que le conteur doit dire

Le jeu se joue à deux : une personne connaît la solution et tente de la faire découvrir à l’autre au travers de questions. L’enchaînement des questions dépend fortement des réponses. Il faudra lire les premières réponses pour comprendre le scénario proposé.

Mise en scène

La cantine de l’école n’arrive jamais à trouver les desserts qui plaisent. On les retrouve souvent inachevés dans les assiettes qui reviennent à la cuisine. Le cuisinier voudrait savoir, alors qu’il compose ses menus, si les desserts qu’il propose ont une bonne chance d’être appréciés. Il voudrait faire un sondage ou un vote. Il doit connaître les résultats des votes le jeudi matin pour avoir le temps de composer ses menus et de faire des courses pour la semaine suivante. Pourrez-vous l’aider ?

Q1 : Que proposez-vous comme moyen de sondage ? (un moyen d’aujourd’hui)

Après le premier sondage, le cuisinier est content. Il y a moins de desserts inachevés dans les assiettes. Les élèves sont contents aussi.

Pourtant un mois plus tard, tout semble se dérègler. Le cuisiner suspecte les parents qui préfèreraient choisir le dessert pour leur enfant.

Q2 : Que s’est-il passé ? Que proposez-vous pour y remédier ?

Tout semble être revenu à la normale et puis, patatras, tout se dérègle encore. Il y a 120 élèves et chaque semaine, il y en 200 qui votent. Mais tout le monde utilise des pseudonymes. Le cuisinier ne sait plus qui est qui et qui vote. Hier soir, il a regardé les votes : il y en avait 110. Ce matin, il regarde à nouveau, il y en avait 170.

Q3 : Que s’est-il passé à votre avis ? Comment le cuisiner va-t-il s’en servir ?

Le cuisiner est plutôt satisfait. Les desserts choisis par les votes sont de nouveaux populaires.

Tout le monde est plutôt content sauf un élève qui a été convoqué chez le directeur. Il ne comprend pas pourquoi mais il va bientôt le savoir. Tout ce qu’il sait est que le directeur n’aime pas trop les élèves qui n’écoutent pas les professeurs.

Q4 : A votre avis, pourquoi le directeur convoque-t-il l’élève ? Comment aurait-il pu le savoir ?

L’élève a compris. Cela ne lui arrivera plus. Mais le directeur de l’école a une autre idée en tête. Le cuisinier est fatigué de récolter les résultats de ses sondages à la main. Il va voir le directeur. Il concocte ensemble une solution qui prendra quelques mois à être mise en place. Elle utilise les smartphones.

Q5 : Quelle pourrait être cette solution ?

Les élèves ont maintenant un autre moyen pour choisir les desserts qu’ils préfèreraient déguster.

Mais le directeur a une autre idée en tête. Il voudrait utiliser la même solution pour proposer d’autres services aux élèves. Cela prend de nouveaux quelques mois et quelques longues discussions mais cela marche plutôtt bien. Les élèves en sont très friands, les parents également. On peut maintenant consulter les devoirs donnés par les professeurs. C’est très pratique surtout si on a oublié son cahier en classe. Les parents sont très contents aussi car ils peuvent consulter ce qui est fait en cours.

Quelques mois plus tard, le directeur a convoqué les parents d’un élève. Personne ne sait pourquoi mais il est souvent fatigué.

Q6 : Auriez-vous une petite histoire à raconter à ce sujet ?

Q7 : A votre le directeur de l’école a-t-il le droit de faire tout ça ?

Q8 : A votre avis, la précédente question ne vous enjoint-elle pas à répondre de façon manichéenne ? Aurait-il le droit de faire autre chose ?

Ce que le conteur doit savoir

Q1 :

Pourquoi ne pas mettre les desserts sur la facebook de Facebook de l’école et compter les like ?

Q2 :

Les parents likent aussi ! Il suffit de ne pas les compter.

Je suis pas sûr que le verbe liker soit accepté par l’Académie Française. Le dictionnaire Larousse semble accepter le mot like.

Q3 :

Le cuisinier a remarqué que les parents votent plus tard que les enfants car ils votent en cachette. Les élèves votent plus souvent à l’heure de la récréation quand le cuisinier leur rappelle de voter car c’est le dernier jour, c’est-à-dire jeudi.

Q4 :

L’élève vote souvent le matin pendant les cours. Il a un pseudonyme mais ses amis, pas toujours. C’est comme ça que le directeur a su que c’était un élève et qu’il votait pendant les cours.

Q5 :

Une application pour smartphone.

Q6 :

L’application enregistre beaucoup d’informations si les élèves ont autorisé cette collecte de données. Le directeur sait alors beaucoup de choses comme l’heure à laquelle l’élève regarde son téléphone pour faire ses devoirs.

Q7 :

La question n’a pas encore de réponse précise et tous les pays n’ont pas la même réponse. Les Etats-Unis sont plus permissifs que la France à ce sujet. Il n’y a pas de réponse parfaite. Dans le cadre de l’école, si l’application téléphone vous demande explicitement l’accès à vos données, vous êtes conscient que vos données sont stockées et probablement uilisées par le concepteur de l’application. L’application téléphone vous fournit un service gratuit mais demande en échange la possibilité d’utiliser les informations que vous lui laisser. Il faut d’abord être conscient de comment les données peuvent être utilisées. Les données sont utiles mais elles contiennent un peu de votre intimité.

Q8 :

Il n’y a pas plus de réponse précise qu’à la question précédente mais on peut apporter quelques nuances. Que pensez-vous des deux cas suivant :

  • Le directeur sait qu’un élève précis se connecte à 11h du soir régulièrment.

  • Le directeur sait que quelques élèves se connectent à 11h du soir régulièrement mais il ne connaît pas leurs noms.

La première information permet s’adresser directement à la personne. La seconde est plus incertaine : le directeur pourra s’adresser à l’ensemble de la classe en espérant que les personnes concernées saisissent le message. Ou alors, il pourrait aussi interdire l’accès aux devoirs après 23h, afficher un message « allez au lit » après 23h… Malgré tout, il reste un dernier cas qu’il faut envisager :

  • Le directeur sait qu’un élève précis se connecte à 11h du soir régulièrment mais il fait croire à tous les élèves qu’il ne peut pas savoir qui.

Pourquoi on a l’impression que les données ne sont pas dangereuses ?

On fournit des résultats toujours agrégés. On ne se voit jamais dans un tableau de chiffres car on y est noyé avec tout le monde. Mais on existe quelque part de façon unique dans un immense tableau de données. A partir de ce tableau, on peut calculer :

  • le taux de chômage dans votre ville

  • le taux de chômage dans votre quartier

  • le taux de chômage dans votre pâté de maison

Ce sont toujours des données agrégées mais on finit par savoir beaucoup de choses. Donner accès à vos données devrait s’appuyer sur une relation de confiance. L’inconvénient aujourd’hui est qu’il est très difficile aujourd’hui de récupérer ses données : faire en sorte que la personne ou la société qui les détient vous les rende et les efface. La science fiction s’est depuis longtemps emparée de ce sujet. Les scénarios ne sont pas tous des scénarios catastrophe mais invitent à la réflexion.