La naissance de D’où¶
Le style est parfois très imagé.
Il était une fois un homme qui en avait marre qu’on lui tape dessus à chaque fois que la récolte était mauvaise quelqu’en soit la raison. D’ailleurs la raison personne ne la connaissait mais ça faisait un bien fou de lui taper dessus, c’est tout ce qu’on savait. Il a cherché des grands pour le protéger mais ils aimaient bien lui taper dessus aussi. Alors il a cherché plus grand que ces grand méchants mais ça… Ca n’existait pas ! De toutes façons, ils lui auraient tapé dessus aussi. Alors il a inventé un plus grand que grand qui n’existait pas pour faire peur aux grands sans vraiment lui donner de nom. « Il va vous punir ! », disait-il. Au début, cela ne marchait pas bien et puis il a suffit d’une fois qu’un grand méchant trébuche distraitement pour que le plus grand que grand devienne réalité. Et comme le plus petit était le seul à savoir où ce plus grand que grand était, on a arrêté de lui taper de peur qu’il le lui dise et qu’il les tapent en retour.
Comme ça marchait du tonnerre, il s’est mis à taper tout le monde un peu pour se venger et comme ils avaient peur du plus grand de tous les grands, il était peinard. Sauf qu’un petit un peu plus grand que lui mais plus petit que tous les autres et qui se faisait taper des deux côtés car il ne connaissait pas le plus grand que grand a commencé à douter de l’existence du plus grand que grand. Il lui paraissait trop grand pour être vrai. Le presque plus petit s’est donc mis à taper le seul plus petit que lui. Et ce dernier a eu peur que tout le monde ne recommence à le taper tout court. C’est pourquoi un jour il s’est tapé lui-même en faisant croire que c’est le plus grand que grand qui l’avait fait car, avait-il dit, « Il voit tout mais on ne peut pas le voir, c’est tout. » Sauf bien sûr le plus petit qui le voyait encore un peu. Mais bref, plus personne ne le tapait vraiment.
Tout allait bien pour le plus petit depuis que le plus grand que grand le protégeait. Les autres petits un peu plus grands mais pas assez grands n’avaient pas vu leur vie changer pour autant et se faisaient toujours taper autant. Ils avaient bien demander la protection du plus grand que grand mais le plus petit avait répondu qu’il n’était pas assez grand pour protéger plus d’un petit. Il fut un jour un petit pas si petit assez hardi pour penser que le plus grand que grand n’était peut-être pas aussi grand que ça et, un jour, le plus petit, fut porté disparu.
Le second plus petit devint à son tour le plus petit. Il ne voyait pas le plus grand parmi les grands. Il essaya bien de prétendre à son tour qu’il le voyait aussi mais il eut le malheur de réfléchir à voix haute, ce qui incita tout le monde à le taper plus que d’habitude comme s’ils s’étaient tout-à-coup découverts de grands dupés. Et comme personne n’avait tapé depuis longtemps, ils s’en étaient donné à coeur joie. Le nouveau plus petit eut très mal très longtemps.
Il pensa cette foix-ci en silence qu’il fallait ramener le plus grand de tous les grands afin que les grands se sentent à nouveau petits. Les gens ne peuvent pas s’empêcher de taper. C’est bête mais c’est comme ça. Donc le plus grand que grand qu’on ne voyait jamais est soudainement revenu, comme par miracle. Il dut s’allier aux autres petits pour alimenter quelques rumeurs qui allaient grandement aider.
On ne peut pas le voir mais lui nous voit taper.
Le message avait beau être récité par tous ceux qui n’étaient pas assez fort pour taper, cela ne marchait toujours pas. Ils songèrent donc à ériger une maison pour se protéger. Et sur les murs, on peignit des images du plus grand que grand. On ne pouvait toujours pas le voir en vrai mais il était un peu plus présent. A l’intérieur de la maison, il était interdit de taper, même pas fort. A l’extérieur, on tapait toujours un peu, mais un peu moins autour de la maison des petits qui voyaient le plus grand que grand. C’est bizarre taper rendait beaucoup de gens joyeux, alors quand les grands étaient un peu trop joyeux, les petits ajoutaient une nouvelle peinture un peu plus impressionnante et cela calmait l’ardeur des tapeurs.
Dans la maison, les gens grands étaient un peu aigris, les petits étaient plein de courtoisie. Il arrivât qu’il n’y eut plus de place sur les murs pour ajouter de nouvelles peintures. Il fallut trouver autre chose pour rappeler aux plus grands qu’il existait toujours un beaucoup plus grand qu’eux. Et tous les dimanches, lorsque les grands n’avaient rien de mieux à faire qu’à courir après les petits pour leur taper dessus, ces derniers finirent par se retrouver dans la maison tous les dimanches avant midi. C’est comme ça qu’ils décidèrent d’y aller toujours ce jour-là avant même qu’on cherchât à leur taper dessus. Ces dimanches dans la maison étaient devenus un rituel entre les grands aigris et les petits courtois.
Un jour un homme arriva dans la maison. il ne connaissait pas les R. Alors il demanda toujours : Suis-je dans la maisons des aiglis ? Quoi ? lui répondit-on, J’ai rien compris. Et les gens rigolaient, ils le tapaient d’humour. Moi pas complis. Et l’autre ne comprenait pas non plus pourquoi ils n’étaient pas accomplis. Bref c’était très bête et puis s’il cherchait la maison c’est simplement parce qu’il pleuvait beaucoup. D’ailleurs la foudre est tombée et le toit est parti en fumée. Alors on accusa l’homme sans R d’avoir fait tomber la maison qui n’en était plus une, les peintures avaient noircies et donc on le tapa à son tour, jusqu’à ce qu’il reconstruise une autre maison, plus grande, avec un toit plus pointu. Et on appela cela chez l’aigli. Bon personne ne savait écrire à cet époque, ce fut l’égli. Et on continua à se réunir le dimanche, sous le toit de l’égli et de nouvelles peintures.
Un autre jour, un habitant du village arriva. Il avait des bleus partout et se demandait pourquoi personne n’en avait ici. Et comme il arriva un dimanche, on lui expliqua tout à l’égli et puis ce fut comme ça tous les dimanches car on voyait de plus en plus de voisins qui venaient découvrir les voisins pas souvent bleus même rarement bleus. Cela devint une habitude.
Il fallut quand même que quelqu’un posât la question… Et le plus grand de tous les grands, on ne l’a jamais vu en fait. Quelqu’un sait d’où il vient ? D’où ? répétait-on en coeur. Ah ça oui il est doux ce géant plus grand que tous les autres grands. Dis, où, alors ?
Et comme, personne ne savait, quelques-uns ont eu l’idée de construire plus de maisons du dimanche afin d’attraper le géant qu’on n’avait jamais vu. On les construisit de plus en plus hautes car on pensait qu’il ne venait pas car la porte était trop petite. Mais il ne venait toujours pas, alors on mit des cloches également pour l’attirer un peu. Puis on s’est dit qu’en mettant des grands églis un peu partout dans le monde, on aurait un peu plus de chance de l’attraper.
Des années plus tard, on ne l’avait toujours pas vu et c’est un peu plus aigris qu’on rejoignait l’égli du dimanche. Et dès qu’on l’oubliait un peu, ça recommençait à taper un peu et il y avait alors toujours un petit un peu plus tapé que tout le monde pour ressuciter le grand ancêtre qui faisaient peur à tous ceux qui tapaient.