2012¶
Steven Runciman, La chute de Constantinople 1453 (2012)
Au cours de l’été 1452, un ingénieur hongrois nommé Urbain était venu à Constantinople et avait offert ses services à l’empereur comme fabricant d’artillerie. Constantin malheureusement n’avait pu lui payer le salaire auquel il estimait avoir droit ni lui fournir les matières premières dont il avait besoin. Urbain avait donc quitté la ville pour s’adresse au sultan. Aussitôt admis en présence du souverain, il avait subi un interrogatoire serré. S’étant déclaré capable de fabriquer un canon qui démolirait les murs de Babylone elle-même, on lui attribua un salaire quatre fois plus élevé que celui qu’il désirait et on lui fournit toute l’assistance technique souhaitable. En trois mois, il avait fabriqué le canon qui, placé par le sultan sur la tour de Rulemi Hisar, avait coulé la navire vénitien qui tentait de forcer le blocus.
Marilyn Monroe, Confessions (2012)
A Hollywood, les gens importants ne peuvent pas supporter d’être invités dans un endroit où il n’y a pas d’autres gens importants.
Marilyn Monroe, Confessions (2012)
Il y avait toujours en moi une sorte de folie qui ne voulait pas céder.
Marilyn Monroe, Confessions (2012)
[Marilyn] Vous permettez que je lise mon rôle allongée par terre ? balbutiai-je.
[Huston] Mais… bien sûr, répondit galamment M. Huston. Bill, ici présent, va vous donner la réplique.
Je me suis étendue sur le sol et Bill s’est accroupi à mon côté. Je me sentais déjà beaucoup mieux. J’avais répété couchée sur un divan, comme le voulaient les indications du scénario. Il n’y avait pas de divan dans le bureau, mais s’allonger par terre revenait à peu près au même.
Marilyn Monroe, Confessions (2012)
Pour la majorité des hommes, ce sont les tourments et non pas le bonheur que vous leur apportez qui vous donnent de l’importance. Mais il y a une forme de jalousie que je n’ai jamais supportée. Celle qui pousse un homme à vous harceler de questions sur les autres hommes, à exiger des confidences toujours plus détaillées. Dans ce cas, j’ai l’impression que le jaloux s’intéresse plus à ces hommes qu’à moi et qu’il masque son homosexualité en se prétendant dévoré de jalousie.
Stéphanie Allenou, Mère épuisée (2012)
Mes activités associatives me prennent de plus en plus de temps, et le temps m’est compté. Paradoxalement, plus j’en fais, mieux je vais dans ma tête.
Stéphanie Allenou, Mère épuisée (2012)
Je supporte de moins en moins bien de n’être plus qu’une maman.
Stéphanie Allenou, Mère épuisée (2012)
Avec les hommes, je me sens démunie, ils me demandent ce que je fais dans la vie, je leur réponds que je suis mère au foyer : fin de la discussion.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
Quand une civilisation passe de la tradition orale à l’écriture, à la typographie ou à la télévision, ses notions de la vérité se transforment en même temps.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
Le premier des sept fameux débats entre Abraham Lincoln et Stephen A. Douglas eut lieu le 21 août à Ottawa, Illinois. Il était convenu que Douglas prendrait la parole en premier pendant une heure ; Lincoln aurait ensuite une heure et demie pour répondre ; puis Douglas une demi-heure pour réfuter la réponse de Lincoln. Ce débat était infiniment plus court que ceux auxquels les deux hommes étaient habitués. En fait, ils s’étaient déjà affrontés plusieurs fois auparavant et toutes les rencontres avaient été beaucoup plus longues et beaucoup plus épuisantes. Par exemple, le 16 octobre 1854, à Peoria, dans l’Illinois, Douglas avait prononcé un discours qui avait duré trois heures et auquel il était entendu que Lincoln devait répondre. Quand vint le tour de Lincoln, celui-ci rappela à l’auditoire qu’il était cinq heures de l’après-midi, qu’il lui faudrait sans doute autant de temps qu’à Douglas et qu’il était encore prévu au programme que Douglas puisse le réfuter. Il proposa donc aux membres de l’assistance de rentrer chez eux dîner et de revenir avec l’esprit frais pour les écouter à nouveau pendant quatre heures de plus. L’auditoire accepta volontiers et tout se passa comme Lincoln l’avait indiqué.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (1890) (2012)
1890 - La publicité comme le dit Stephen Douglas, était censée faire appel à la compréhension, non aux passions.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
Le télégraphe a fait de l’information une marchandise, un « article » susceptible d’être acheté et vendu sans tenir aucun compte de ses utilisations ni de sa signification. […] Le télégraphe avait peut-être fait du pays [Les Etats- Unis] un « voisinage » mais c’était un voisinage spécial, peuplé d’étrangers qui ne connaissaient les uns des autres que les faits les plus superficiels. […] Le télégraphe introduisit une forme de conversation publique qui avait des caractéristiques étonnantes. Son langage était le langage des manchettes : sensationnel, fragmenté, impersonnel. Les nouvelles prirent l’allure de slogans à noter avec excitation, à oublier avec promptitude. […] Le discours télégraphique ne laisse pas de temps pour les perspectives historiques et ne donne pas priorité au qualitatif. Pour le télégraphe, l’intelligence consiste à avoir entendu parler de quantité de choses, non pas à les connaître.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
La télévision a atteint le statut de « méta-média » - un instrument qui dirige non seulement notre connaissance du monde mais aussi notre connaissance des moyens de connaissance. La télévision a atteint le statut de mythologie.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
J’ai entendu dire (sans toutefois l’avoir vérifié) qu’il y a quelques années, les Lapons avaient retardé de quelques jours leur grande migration annuelle afin de savoir qui avait tiré sur J.R.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
On se rappelle la remarque de Bernard Shaw la première fois où il vit, la nuit, les enseignes clignotantes de Broadway et de la 42$^text*ème*$ rue : cela doit être beau quand on ne sait pas lire.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
Le résultat [de la télévision] c’est que les Américains sont les gens les mieux divertis et sans doute les moins bien informés.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
Les membres du Conseil National [des églises du Christ] ont bien compris que le danger n’était pas que la religion soit devenue le contenu d’émission télévisées mais que les émissions de télévision deviennent le contenu de la religion.
Neil Postman, Se distraire à en mourir (2012)
La télévision n’interdit pas les livres, elle les supplante.
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
[Henry IV] La satisfaction qu’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment ; celle qu’on tire de la clémence est éternelle.
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
Un matin où Henry IV partit tôt à la chasse, Gabrielle en profita pour faire quérir sa servante Arphure le beau Bellegarde. Mais le roi rentra beaucoup plus tôt que prévu, ce qui obligea l’amant à se cacher sous le lit, comme dans un conte de Boccace. Après avoir fait l’amour à sa belle, le roi annonce qu’il a faim et demande qu’on lui apporte un plateau. Sitôt dit, sitôt fait. Henri IV mange de bon appétit, mais prend soin de ne pas toucher un morceau de viande qu’il laisse en évidence et qu’il dépose bientôt au pied du lit, s’écriant plaisamment : « Il faut bien que tout le monde mange ! »
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
[Henri IV] La vraie obéissance ne procède que d’amitié.
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
page 257 - Les premières règles de comptabilité naissent de cette politique, de même que le principe, édicté par le roi en personne, voulant qu’à chaque dépense corresponde une ressource, ce qui fut rarement respecté en France. En affirmant, d’une part, la fonction budgétaire au sein de l’Etat et, d’autre part, sa fonction financière, Sully permet d’assainir la la situation et, en quelques années, de résorber le déficit. […] La commande publique et les grands travaux vont donner un essor considérable à l’agriculture, à l’industrie embryonnaire et à l’aménagement du territoire.
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
Constituez un bouillon avec huit à dix pintes d’eau et les légumes comme pour un pot-au-feu, à savoir carottes, navets, panais, choux (selon le goût) et belle tranche d’ache (céleri sauvage) et un oignon piqué de clous de girofle. Salez et poivrez.
Faites partir à bon feu puis laissez bouillir à petits bouillons une grande heure. Vous aurez pu corser votre bouillon d’un petit morceau de boe uf ou de quelques abattis de volaille.
Ayez une poule de moyenne grosseur et environ une livre de jambon fumé. Prenez le foie, le gésier et le coe ur de votre poule, une demi-livre de pain rassis, une demi-livre de jambon un peu gras, deux ou trois branches de persil et d’estragon, une gousse d’ail. Hachez tous les abats de poule et autres ingrédients bien liés ensemble, épices (ou genièvre concassé au mortier). Bourrez bien la poule de ce farci : bridez-la et cousez-la afin que la farce ne s’échappe point.
Mettez la poule ainsi emplie dans la marmite en douce ébullition, donnez un bon coup de feu pour faire repartir. Abaissez : laissez faire le temps pendant trois heures en ajoutant le jambon fumé à la dernière heure afin qu’il ne soit pas trop cuit.
Gonzague Saint Bris, Henri IV (2012)
Allant une fois au Louvre, accompagné de force noblesse et ayant rencontre en son chemin une pauvre femme qui conduisant une vache, le roi s’arrêta et lui demanda combien elle voulait la vendre. Cette bonne femme lui ayant dit le prix : « Ventre-saint-gris, dit le roi, c’est trop, elle ne vaut pas cela, mais je vous en donnerai tant. » Alors cette pauvre femme va lui dire : « Vous n’êtes point marchand de vaches, Sire, je le vois bien. - Pourquoi ne le serais-pas ma commère ? lui répondit le roi. Voyez pas tous ces veaux qui me suivent ? »
Stefan Zweig, Fouché (2012)
Il a toujours lieu de rappeler ce trait de caractère étrange et diabolique qui veut précisement que, chez Joseph Fouché, l’irritation la plus extrême engendre le désir de plaisanter férocement et que son courage, lorsqu’il monte, revête une forme, non pas virile, mais grotesquement présomptueuse et dangereuse pour lui.
Stefan Zweig, Fouché (2012)
Ce superbe et passionné joueur de l’esprit a un défaut tragique : il ne peut rester à l’écart, il ne peut pas, ne fût-ce qu’une seconde, être spectateur dans le jeu de l’univers. Il faut qu’il ait les cartes en main, qu’il joue, qu’il coupe, qu’il trompe, qu’il égare les autres, qu’il fasse paroli et qu’il batte atout.
Jaddo, Juste après desseuse d’ours (2012)
Un jour, lors d’une accélération un peu brutale, un lit est parti en arrière, à défoncé les portes de l’ambulances et s’est retrouvé sur la voie publique. Depuis, les ambulanciers ont exigé, et obtenu, une clause qui précise qu’un « membre du corps médical » doit accompagner tous les trajets en lit.
Jaddo, Juste après desseuse d’ours (2012)
Quand on demande : « vous avez déjà été opéré ? », les gens répondent : « Non, non ». Mais quand on précise « Appendicite, amygdales ? », ils disent : « Oh bah oui, ça, quand même, bien sûr : »
Jaddo, Juste après desseuse d’ours (2012)
Le meilleur qu’on m’ait donné de toute ma vie, la plus grande leçon de vie que j’aie reçue, je l’ai reçue de ma mère quand j’étais toute petite. « Fais-toi confiance et écoute-toi. Si la personne d’en face te met mal à l’aise, et même si cette personne est un adulte, ce n’est jamais, jamais toi qui as tort. Tu as un signal d’alarme en toi, écoute-le toujours quand il sonne. »
Jaddo, Juste après desseuse d’ours (2012)
Exercice : conjuguez les verbes entre parenthèses.
Hier, pour ses huit ans, Martine (souffler) les bougies du gâteau d’anniversaire au chocolat que sa maman a cuisiné.
La réponse c’était « a soufflé ». Sauf qu’on pouvait pas répondre « a soufflé ». Interdiction formelle de la maîtresse. Fallait écrire : « Hier-pour-ses- huit-ans-Martine-a-soufflé-les-bougies-du- gâteau-d’anniversaire-au-chocolat-que-sa-maman-a- cuisiné. »
J’avais tenté plusieurs fois les points de suspension, l’allègement de la phrase genre « Martine a soufflé les bougies de son gâteau », j’avais même essayé de négocier de faire en plus les exercices 12 et 13 pour compenser (ce que je trouvais d’ailleurs diablement plus formateur que de recopier que le gâteau était au chocolat). Non, non, non, la maîtresse elle disait.
Et vraiment, ça me rendait folle de rage. Le genre de rage à laisser une étincelle au milieu du ventre qu’un simple souvenir suffit à ravivder vingt ans plus tard.
Jaddo, Juste après desseuse d’ours (2012)
Ecoutez-vous, faites-vous confiance, écoutez VOS limites. Votre enfant ne sera pas capricieux parce que vous l’avez pris avec vous dans votre lit un soir ou parce que vous ne l’avez pas « laissé pleurer » ou parce que vous lui donnez le sein quand il a faim. Si vous respectez vos limites à vous, si là, ce soir, non là vraiment j’en peux plus, je suis trop fatiguée je ne me lève pas, ça se fera tout seul.
Jonas Janosson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2012)
Elle [l’éléphante] choisit de nager deux kilomètres et demi afin d’avoir de nouveau quelque chose sous les pattes au lieu de parcourir en sens inverse les quatre mètres qui la séparaient de la rive d’où elle venait.
Jonas Janosson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2012)
Dieu s’était adressé à lui en rêve alors qu’il venait tout juste d’être ordonné. « Tu dois partir partir comme missionnaire. », lui avait déclaré le Seigneur. Le problème était qu’Il ne s’était jamais adressé à lui depuis lors, et il avait fallu deviner où Dieu souhaitait qu’il se rendît.
Jonas Janosson, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire (2012)
Il dit avec modestie qu’il n’était pas difficile de se faire passer pour un idiot quand on l’était réellement. Allan n’était pas d’accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu’il avait rencontrés dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire.
John Kenneth Galbraith, La crise économique de 1929 (2012)
Chaque fois qu’il [ce livre] a été sur le point d’être épuisé et de disparaître des librairies, un nouvel épisode spéculatif, une autre bulle et son cortège de malheurs sont venus ranimer l’intérêt pour l’histoire qu’il relate.
John Kenneth Galbraith, La crise économique de 1929 (2012)
L’abus d’économie, comme l’abus d’alcool, a son lendemain, inévitable.
John Kenneth Galbraith, La crise économique de 1929 (2012)
Il est évident que la capacité des gens de finance à ne pas tenir compte de la preuve que les difficultés s’accumulent, et même à souhaiter pieusement qu’elles puissent continuer sans qu’on en parle, est aussi grande que jamais.
[…]
Le sens de la responsabilité chez les gens de finance envers les gens en général n’est pas mince : il est presque nul.
John Kenneth Galbraith, La crise économique de 1929 (2012)
Il [Hoover] conduisait l’un ds rites les plus vieux, lesp lus importants de la vie américaine - et malheureusement l’un des moins compris. C’est celui de ces réunions que l’on convoque non pour régler des affaires, mais pour ne rien régler. […] Ce genre de réunion est organisée non pas parce qu’il y a des affaires à régler, mais parce qu’il est nécessaire de donner l’impression que des affaires s’y règlent.
Georges Vigarello, Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age (2012)
A Montaillou, au XIVème siècle, l’épouillage est constant, signe de tendresse, signe de déférence : dans le lit, au coin du feu, les maîtresses épouillent leurs amants avec application ; les servantes épouillent leurs maîtres ; les filles épouillent leurs mères et les belles-mères leur futurs gendres.
Georges Vigarello, Le propre et le sale, hygiène du corps depuis le Moyen-Age (2012)
La proprété ne rend pas seulement résistant, elle assure un ordre. Elle ajoute aux vertus.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
Des études montrent que la rougeole a toute chance de disparaître dans les populations de moins d’un million d’habitants. [disparaître = pas de nouvelle apparition de la maladie]
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
Tous deux passaient en revue la liste de parents en vue de se trouver quelque lien de parenté, partant une raison de ne pas chercher à s’entre-tuer.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
La religion institutionnalisée apporte aux sociétés deux autres avantages importants. Premièrement, l’idéologie ou la religion partagée aide à résoude ce problème - comment amener des individus non apparentés à vivre ensemble sans s’entre-tuer ? - en créant un lien qui ne repose pas sur la parenté. Deuxièmement, elle donne aux gens un mobile, autre que l’égoïsme génétique, pour sacrifier leurs au nom des autres.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
Le fanatisme guerrier, ou le genre de fanatisme qui a inspiré les conquêtes chrétienne et islamique, était probablement inconnu sur terre avant que les chefferies et, surtout, les Etats n’émergent au cours des 6000 dernières années.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
Plutôt que d’être à la merci d’une poignée de récoltes incertaines, ils [les aborigènes] minimisèrent les risques en développant une économie fondée sur une grande variété d’aliments sauvages qui ne pouvaient faire défaut toutes à la fois.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
C’est précisément parce que l’Europe était fragmentée que Colomb réussit après cinq tentatives, à persuader un prince européen, parmi des centaines, de le parrainer.
Jared Diamond, De l’inégalité parmi les sociétés (2012)
Les barrières de l’Europe était suffisantes pour empêcher l’union politique, mais insuffisantes pour empêcher l’essort de la technologie et des idées. Contrairement à la Chine, l’Europe n’a jamais eu de despote capable de tout vérouiller.
Edward Gibbon, Charlemagne (2012)
[La dernière de couverture est élogieuse à son propos mais la rédaction de ce livre donne souvent l’impression de faire face à récit au travers duquel s’exprime l’opinion de l’auteur et non d’une succession de faits laissant au lecteur le soin de former sa propre opinion.]
Les lois de Charlemagne ne forment pas un système, mais une suite d’édits minutieux publiés selon les besoins du moment pour la correction des abus, la réforme des moe urs, l’économie de ses fermes, le soin de sa volaille et même la vente de se oe ufs.
Raphaële Moussafir, Du vent dans les mollets (2012)
Les parents heureusement qu’ils filent pas dans leur chambre à chaque fois qu’ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table.
Agatha Christie, Mrs McGinty est morte (2012)
Pourquoi une femme garde-t-elle une photo prise dans sa jeunesse ? Raison numéro 1 : la vanité. Elle a été jolie et elle garde une photo qui lui rappelle combien elle l’a été. Raison numéro 2 : la sentimentalité. Elle vous conduit à garder non seulement votre propre photographie, mais celle de quelqu’un d’autre… Une photo de votre fille mariée, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant assise devant la cheminée, toute environnée de tulle… Raison numéro 3 : la haine. On doit très bien pouvoir garder la photographie de quelqu’un qui vous a blessé pour ne pas l’oublier, pour entretenir un désir de vengeance, non ?
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Ils ont sporadiquement besoin de contemplation et de solitude.
[…]
Par manque de confiance en eux, ils ont tendance à l’autodérision, à l’autocritique, voire à l’autodénigrement.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Le surdoué répond aux questions ou réagit toujours de façon originale, inattendue et très créative.
[…]
Cette propension à ne pas réfléchir comme les autres, à bousculer les opinions reçues et le prêt-à-penser isole et expose à l’hostilité générale, notemment dans les milieux où la notion de consensus est primordiale.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
S’il est doté d’une surefficience intellectuelle, l’adulte surdoué est aussi hypersensible, hyperémotif, hyperréactif au monde, autant de traits de caractère qui peuvent le vulnérabiliser, fragiliser son potentiel, en faire quelqu’un d’inadapté à un milieu hautement compétitif.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Parce qu’il pense et agit différemment, le surdoué est incapable de saisir ce double langage [les saines malhonnêtetés] d’apprécier au mieux la nécessité de cette hypocrite diplomatie pour l’harmonie du groupe.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Pour mettre fin à leurs souffrances, au rejet dont ils sont victimes, à leur solitude, pour plaire et mettre un terme à l’angoisse de leur famille et aller dans le sens des demandes et des reproches qu’elle peut parfois leur manifester, les adultes surdoués vont tenter de calquer leur modus vivendi, leur façon de penser, la déclaration de leurs attentes, sur ceux du plus grand nombre.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Leur intelligence devient une arme défensive. Ils critiquent systématiquement ceux qui ont l’autorité, les harcèlent avec de « meilleures » propositions, de « meilleures » procédures.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Ils se sentent coupables de ne pas répondre à leurs propres attentes.
[…]
La peur de l’échec est une hantise chez l’adulte surdoué. Peur de la défaillance, mais aussi de l’humiliation, de la raillerie, de regard de l’autre, de la mise au ban…
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Le repli sur soi. Il s’agit d’un réflexe commun aux surdoués pour masquer leur sensibilité, se protéger de l’afflux d’émotions qui les submerge en société, depuis l’école, quand ils sont confrontés à une situation qui les bouleverse, à la découverte d’un tableau ou d’un morceau de musique qui les ébranlent.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
L’humour. Il est sans conteste la meilleure des défenses, l’énergie propice à transformer, à son avantage, les faiblesses ou les situations difficiles vécues par les surdoués.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Convaincu que ses pics d’émotion - cette balance perpétuelle entre l’extériorisation et l’intériorisation qui le fragilise, l’épuise et le rend invivable aux yeux de son entourage - sont le corollaire obligé de sa créativité, il refuse de s’en guérir. Il considère que son bonheur est insoluble dans son pouvoir inventif, son hyperperception du monde et sa lucidité.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
La structure intellectuelle du surdoué le conduit à passer très rapidement d’un projet à un autre, voire à les mettre en concurrence pour en tirer la meilleure synthèse. Cette faculté, qui devrait les ménager une place de choix dans des entreprises entravées par l’appareil administratif, les lois et les décrets auxquels elles doivent se soumettre, le pénalise au contraire car elle bouleverse la culture générale de la structure.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
L’adulte surdoué doit savoir choisir le mécanisme de défense le plus judicieux pour chaque situation particulière sans perdre de vue les écueils propres à son caractère et, de ce fait, les résistances que ce mécanisme peut déclencher : l’humour, la sublimation, l’affirmation de soi, l’anticipation, l’action, le recours à autrui, l’observation de soi.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Une fois la douance diagnostiquée, le premier travail consiste à en faire accepter le principe. En effet, nombreux sont les patients qui résistent : ils opposent à ce diagnostic leur propre définition de la surefficience intellectuelle - mélange d’Einstein et de Bill Gates - dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.
[…]
Le surdoué doit apprendre à ne pas confondre son self et ce qu’il crée.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Ils ont du mal à accepter les compromis, même lorsqu’ils savent que ceux-ci sont nécessaires, et ils défendent férocement leurs point de vue même lorsqu’ils auraient intérêt à se taire.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Il est important d’apprendre à distinguer l’erreur de l’intention négative.
[…]
Pour compenser cette culpabilité que leur procure leur douance, certains surdoués s’imposent une tolérance zéro aux fautes ou aux erreurs. Se tromper, estiment-ils, c’est faillir, mériter finalement ce qu’ils jugeaient injuste.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
D’autres surdoués, bien souvent ceux qu’on retrouve seuls, ont développé leur propre système de sélection : « J’accepte une invitation pour vérifier si cette relation a des chances, pas plus. Cela vous paraître arbitraire mais en fait ça évite des souffrances et part et d’autre. Je ne veux pas entamer une relation avec quelqu’un qui ne me convient pas. »
[…]
Les adultes surdoués détiennent le record de brièvete du mariage.
Nicolas (de) Kermadec, L’adulte surdoué (2012)
Il met la barre très haut, pour lui-même, mais aussi pour ceux qui l’entourent et ne leur pardonne pas l’échec. De plus, l’adulte surdoué a une façon toujours déroutante d’aborder les problèmes, ce qui irrite le groupe. Son idéalisme peut également créer des ennuis, notamment avec sa hiérarchie, qu’il ne craint pas de critiquer ouvertement, avec brio et parfois même en public !
… …, … (2012)
On ne peut appréhender l’inconnu avec des certitudes.
Tony Curtis, Mark A. Vieira, Certains l’aiment chaud et Marilyn (2012)
[Marilyn] Elle se sentait obligée de donner toujours à chacun ce qu’il ou elle attendait d’elle. Elle n’était pas assez forte pour dire : voilà ce que je suis, un point c’est tout.
[…]
Billy représentait à ses yeux une figure paternelle, et ce n’était pas simple. Elle avait besoin de son approbation, et, dans le même temps, elle s’en voulait d’en avoir besoin.
Tony Curtis, Mark A. Vieira, Certains l’aiment chaud et Marilyn (2012)
[Marilyn] Elle excellait dans les scènes ininterrompues mais perdait toute confiance dès qu’il s’agissait de tourner des séquences courtes ou en gros plan.
Tony Curtis, Mark A. Vieira, Certains l’aiment chaud et Marilyn (2012)
Avant de suivre les cours de l’Actors Studio, elle était comme un funambule qui marche sur sa corde sans avoir conscience qu’il y a un précipice dessous. Du jour où les Starsberg se sont occupés d’elle, Marilyn n’a plus pensé qu’à une chose : le précipice.
Tony Curtis, Mark A. Vieira, Certains l’aiment chaud et Marilyn (2012)
Marilyn avait une sorte d’alarme intégrée, estimait Jack Lemmon. L’alarme se déclenchait au milieu d’une scène si quelque chose la dérangeait, et elle s’arrêtait net. On avait pourtant l’impression qu’elle refaisait la même chose d’une prise à l’autre mais, pour elle, quelque chose clochait. […] Elle savait ce qui convenait à Marilyn, et pour rien au monde elle n’aurait accepté de faire autre chose.
[…]
Elle ne voulait pas se montrer égoïste, m’a confié Jack par la suite. Elle ne savait pas travailler autrement, c’est tout. Le réalisateur, les autres acteurs et tout le reste, elle s’en tapait. Tout ce qui comptait, c’était de jouer cette scène telle qu’elle se la représentait.
Régine Pernoud, Hildegarde de Bingen (2012)
Le riche, à cause de l’orgueil de ses richesses, commande aux hommes auxquels il peut nuire, et il les traite comme s’ils n’étaient pas des hommes de la même forme que lui.
Agatha Christie, Les sept cadrans (2012)
[Tante Marcia] J’avoue qu’en règle générale, je n’approuve pas les femmes qui postulent au Parlement. On peut exercer une influence sur la politique d’une façon plus féminine. (Elle fait une pause, sans doute pour se souvenir de quelle féminine manière elle avait forcé un mari réfractaire à entrer dans l’arène politique).
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Plus un trompeur est convaincant et réussit à convaincre, plus il a de chances de croire à ses propres mensonges.
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Notre siècle est sans doute le premier au cours duquel les changements intervenus dans les choses de ce monde dépassent les changements intervenus parmi les habitants. […] Il est bien connu que le révolutionnaire le plus extrémiste deviendra conservateur le lendemain de la révolution. L’aptitude au changement n’est pas plus illimitée dans l’espèce humaine que sa capacité de préservation, la première étant réduite par l’influence du passé sur le présent et l’autre par le caractère imprévisible de l’avenir. […] Parmi les facteurs de stabilisation, plus durables que les coutumes, les moe urs et les traditions figurent en premier lieu les systèmes juridiques qui règlent notre existence en ce monde et nos rapports avec nos semblables.
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Toute la législation du droit du travail ne fut-elle pas précédée de longues périodes de désobéissance, prenant souvent des formes très violentes, à des lois qui en fin de compte se sont avérées périmées ?
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
La prolifération apparemment irrésistible des techniques et des machines ne se contente pas de menacer certaines catégories sociales de la perte de leur emploi, mais menace l’existence de nations entières et même, à la limite, celle de toute l’humanité.
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Non seulement, le progrès de la science a cessé de coïncider avec le progrès de l’humanité mais il pourrait bien sonner le bien de l’humanité. […] Autrement dit, la notion de progrès ne peut plus nous servir d’étalon pour apprécier la valeur du processus de changement désastreusement rapide que nous avons nous-mêmes déchaîné.
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue à lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé.
Hannah Arendt, Du mensonge à la violence (2012)
Quels que puissent être les avantages ou les inconvénients administratifs de la centralisation, elle comporte toujours les mêmes conséquences politiques : le monopole du pouvoir dessèche et tarit toutes les sources authentiques de pouvoir dans le pays.
Anne Martin-Fugier, Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 (2012)
La reine, fatiguée des récriminations, décida d’abandonner les petits bals : « Cela fait trop crier ceux qui n’en sont pas. »
Anne Martin-Fugier, Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 (2012)
[Hamlet, cité par Louis-Philippe] This above all, to thine own self be true.
Pas dans le livre :
And it must follow, as the night the day, Thou canst not then be false to any man.
Anne Martin-Fugier, Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 (2012)
[Louis-Philippe, à propos du couple Nemours] Il s’y dépense peu d’idées, encore moins de paroles et cela me paraît devoir être le bonheur fondé sur la léthargie mutuelle.
Anne Martin-Fugier, Louis-Philippe et sa famille 1830-1848 (2012)
Une incapacité à prendre suffisamment au sérieux les concessions faite à la montée progressive du désir de démocratie dans la population, un refus de les développer de façon à transformer la royauté et à la préserver, un enfermement aveugle et obstiné dans la structure fantôme de la vieille monarchie.
Antonio Gramsci, Pourquoi je hais l’indifférence (2012)
Si un homme politique se trompe dans ses hypothèses, c’est la vie des hommes qui est en danger. […] Dans la vie politique, l’activité de l’imagination doit être illuminée par la force morale.
Antonio Gramsci, Pourquoi je hais l’indifférence (2012)
Les hommes cherchent toujours à l’extérieur d’eux-mêmes la raison de leurs échecs spirituels.
Antonio Gramsci, Pourquoi je hais l’indifférence (2012)
[HG Wells Histoire de M. Polly] Une société dont la complication croît avec rapidité, et qui, d’une façon générale, refuse d’envisager l’avenir ou de faire face aux difficiles problèmes de son organisation, est exactement dans le cas d’un homme qui ne tiendrait aucun compte de diète ou de régime, s’abstiendrait de bains et d’exercice, et donnerait pleine licence à ses appétits.
Antonio Gramsci, Pourquoi je hais l’indifférence (2012)
Il était une fois un chef d’un bureau important dans une grande entreprise de l’Etat. Il eut une promotion et fut envoyé dans une autre division. Tandis que se déroulait le mouvement de gros bonnets dans lequel il était aussi compris, il faut obligé de rester quelques mois dans son ancien bureau. Mais il avait déjà gravi un échelon : croyez- vous qu’il pût continuer à se contenter de son ancien titre ? Et quoi ? Et la dignité ? Et l’autorité ? Alors il fit faire une cinquantaine de nouveaux formulaires qu’il distribua aux bureaux subalternes afin que ses lettres ne fussent plus imprimées avec la formule « le chef de la division », mais « le chef du département de rang I dirigeant la division ». Comme de juste, une fois arrivé son successeur, on jeta les nouveaux formulaires à la poubelle et on reprit les vieux, mais entretemps l’Etat avait dépensé quelques centaines de lire.
[Odio gli indifferenti]
Antonio Gramsci, Pourquoi je hais l’indifférence (2012)
C’est l’initiative politique des subversifs qui, aujourd’hui comme par le passé, renversera les incompétences et les intérêts égoïstes des classes dominantes.
Axl Cendres, Le drôle de vie de Bibow Bradley (2012)
Les crétins des petites villes américaines ne sont pas douées en géographie, en général. Faut dire que par chez nous, quand on entend parler d’un pays, c’est qu’on est en guerre avec.
Axl Cendres, Le drôle de vie de Bibow Bradley (2012)
C’est drôle, si un type vous dit qu’il croit au Père Noël vous le prenez pour un fou, alors que s’il dit croire en Dieu tout le monde trouve ça normal… On m’a flanqué une rouste quand Marylin [sa soe ur] s’est mise à chiaer parce que je lui avais dit que le Père Noël n’existait pas. Est-ce qu’on m’en aurait foutu une si je lui avais dit pour Dieu ? Et surtout, est-ce qu’elle aurait autant chialé ? Ca reste un mystère.
Claude Chabrol, François Guérif, Comment faire un film (2012)
Partons du fait que nous avons un scénario, que nous rencontrons un acteur pour lui proposer d’interpréter tel ou tel personnage. Il lit le scénatio, qui lui plaît et accepte le rôle. Il faut alors l’amener à comprendre le personnage de la même façon que vous. Vous ne pouvez pas lui asséner votre propre vision. Si elle ne correspond pas exactement à celle qu’il a eue à la lecture du scénario, il va éprouver une contrariété qui risque de le paralyser. Par la suite, s’il se sent paralysé, il en fera trop et ne sera pas bon. L’astuce consiste à l’amener à trouver le personnage tel que vous voudriez qu’il le découvre. Là, tous les trucs sont bons. Vous lui demandez, par exemple : « A propos ton personnage, il boit du café ou du chocolat le matin ? » Vous voulez l’amener à comprendre que votre personnage a un petit côté maniaque. « Alors, d’après toi, c’est du café ou du chocolat ? » « Je n’en sais rien et je m’en fous. » « Toi, oui, tu t’en fous, mais lui, non ! » Et à mon avis, ce serait plutôt du café parce que le chocolat, il trouverait ça trop féminin. Qu’est-ce que tu en pense ? » A partir de ce moment- là, à moins qu’il ne soit complètement idiot, il a compris dans quelle direction il faut aller. Vous ne lui avez pas imposé l’idée, elle lui viendra toute seule. Et le lendemain, il en amènera d’autres : « dis donc, si tu dois le faire fumer, je pense que ce serait plutôt du brun. » D’ailleurs, quand je m’adresse aux comédiens avant le tournage ou quand je leur écris un petit mot, je le fais toujours en utilisant le nom qu’ils portant dans le film.
Claude Chabrol, François Guérif, Comment faire un film (2012)
Il arrive que des comédiens veuillent diriger. […] Il m’est arrivé de travailler avec des crétins mais je ne me suis jamais engueulé pour des questions d’autorité sur le plateau. Cela vient du fait que, comme j’ai beaucoup réfléchi avant, je me retrouve rarement à sec au moment du tournage. […] C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas tourné avec certains comédiens. Alain Delon par exemple. Nous avons senti l’un et l’autre, assez astucieusement, qu’un seul des deux dirigerait sur le plateau et que ce ne serait pas lui.
Claude Chabrol, François Guérif, Comment faire un film (2012)
Les techniciens sont des gens qui essaient de comprendre ce que vous voulez faire. Soit ils s’efforcent de réaliser vos rêves, soit ils n’y comprennent rien et disent des conneries dès qu’ils ouvrent la bouche. Cela signifie que ce ne sont pas ceux qui conviennent pour ce film-là. Je ne connais aucun technicien qui travaille contre le film. Mais certain sont suffisamment bornés et ont une personnalité suffisamment forte pour ne pas écouter ce que vous leur dites. Ces techniciens-là ont en général un besoin d’expression personnelle. Pour eux, la meilleur est alors de devenir réalisateur.
Claude Chabrol, François Guérif, Comment faire un film (2012)
Dans mon troisième film A double tour, j’avais un personnage qui commençait à perdre la tête. Et pour exprimer cela, j’avais l’idée qu’une mouche vienne se poser sur la glace dans laquelle il se regardait, et qu’elle se déplace sur la glace selon un itinéraire plus ou moins précis. Comment obtenir cela ? Je pose la question à mon accessoriste, un nommé Lemoine. Ce qui lui paraissait difficile c’était d’amener à poser la mouche là où je voulais. Je lui ai dis que j’allais truquer au montage : au moment où mon personnage faisait des grimaces, j’allais revenir sur lui, son regard se détournerait un instant, et c’est ensuite qu’il découvrirait la mouche. « Alors pas de problème » me dit Lemoine. « Et quel trajet voulez-vous que la mouche suive sur le miroir ? » Je lui ai tracé quelque chose le long du visage de l’acteur. « Bon très bien » dit Lemoine. Nous répétons la scène sans la mouche. Et au tournage, je vos à ma grande surprise la mouche suivre le trajet prévu. Or il s’agissait d’une vraie mouche. Comment Lemoine s’était-il débrouillé ? Eh bien il était derrière le miroir avec un aimant, un moyen duquel il suivait le trajet de la mouche qu’il avait auparavant dessiné. Et pour que la mouche suive l’aimant, il lui avait mis un petit aimant dans le cul. Ca, c’est absolument fantastique. Petit métiers, métiers très importants.
Colas Gutman, Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot (2012)
A cet instant, j’ai senti une perle humide rouler sur ma joue droite. J’ai cru d’abord à une fuite venant du plafond. Un dégât des eaux provoqué par un élève de sciences physiques, au troisème étage. Mais je n’ai pas eu besoin de lever la tête, j’ai vite compris que la fuite était à l’intérieur.
Colas Gutman, Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot (2012)
Sandra Bullot, tu as plusieurs vies, crois-moi, et il y a en forcément une de bonne.
Colas Gutman, Les vingt-cinq vies de Sandra Bullot (2012)
— Que penses-tu de quelqu’un qui prend comme pseudo « Endive au jambon » ?
— Il ne doit pas s’aimer beaucoup pour choisir un plat si impopulaire.
Timothée Fombelle (de), Victoria Rêve (2012)
Chaque matin, pendant le petit déjeuner, un homme à la radio lui [Papa] disait lequel de ces deux manteaux il devait porter. Temps couvert avec risque d’averse ou ciel bleu à volonté. A sept heures cinquante-neuf, quand l’homme de la météo avait parlé, le père de Victoria coupait la radio, se levait, décrochait le manteau recommandé et sortait. Mais jamais personne, dans le poste, n’avait suggéré à quiconque de s’habiller en cow-boy à cause d’un risque d’embuscade au feu rouge de Chaise-sur-le-Pont.
Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion (2012)
Je vous accorde ce congé mais seulement à terme. Le grand amour que j’ai pour vous deviendra haine, soyez-en sûr, si vous dépassez le terme que je vous fixerai.