2010¶
Douglas Coupland, Toutes les familles sont psychotiques (2010)
— Mais les gros ont plus de problèmes médicaux que les autres. Ca relève du simple bon sens.
— Et là réside toute la beauté de la chose, Steve. Pour l’instant nous avons atteint l’équilibre parfait entre une société prospère et une société obèse. Si tous les Américains gagnaient ne seraient-ce qu’une cinquantaine de grammes de plus, le système médical se retrouverait saturé et l’économie en souffrirait. Si ces mêmes Américains s’avisaient de perdre ces mêmes cinquantaine grammes, Steve, l’économie piquerait du nez.
Oscar Wilde, The Importance of Being Earnest (2010)
I am sick to death of cleverness. Everybody is clever nowadays. You can’t go anywhere without meeting clever people. The thing has become an absolute public nuisance. I wish to goodness we had a few fools left.
Oscar Wilde, L’importance d’être constant (2010)
Il est nettement plus intelligent de dire des sottises que d’en écouter.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
Un homme jeune, strictement assis dans les perpendiculaires de son costume. Droit sur sa chaise, il déclare d’entrée de jeu que son fils manque de maturité. C’est une constatation Ca n’appelle ni question ni commentaire. Ca exige une solution, point final. Je demande tout de même l’âge du fils en question.
Réponse immédiate :
— Onze ans déjà.
C’est un jour où je ne suis pas en forme. Mal dormi peut-être. Je prends mon front entre mes mains, pour déclarer, finalement, en Paspoutine infaillible :
— J’ai la solution.
Il lève un sourcil. Regard satisfait. Bon, nous sommes entre professionnels. Alors cette solution ?
Je lui la donne :
— Attendez.
Il n’est pas content. La conversation n’ira pas beaucoup plus loin.
— Ce gosse ne peut tout de même pas passer son temps à jouer !
Le lendemain je croise le père dans la rue. Même costume, même raideur, même attaché-case. Mais il se déplace en trottinette. Je jure que c’est vrai.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
C’est leur vitesse d’incarnation qui distingue les bons élèves des élèves à problèmes. […] Ceux-ci se libèrent plus difficilement de l’heure précédente.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
En installant mes élèves dans le silence, je leur donne le temps d’atterrir dans mon cours.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
Une bonne classe, ce n’est pas un régiment qui marche au pas, c’est un orchestre qui travaille à la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu’ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu’ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde, et qu’ils soient fiers de la qualité que leur contribution confère à l’ensemble.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
Commentaire sur la phrase : « On n’y peut rien. » à propos de l’école.
Il faut absolument qu’on trouve ce qu’il veut dire, ce y, sinon, nous sommes tous foutus.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
Portrait d’un élève friandise : Philippe, en sixième, dans les années soixante-quinze, un filiforme Philippe de onze ans, aux oreilles perpendiculaires, doté d’un énorme appareil dentaire qui le fait zézayer comme une abeille. Je lui demande s’il a bien assimilé cette notion de langage propre et de langage figuré dont nous parlions la veille.
— Langaze propre et langaze figuré ? Parfaitement, monsieur ! Z’ai même plein d’egzemples à vous proposer !
— Je t’en prie, Philippe, nous t’écoutons.
— Bon, alors voilà, hier soir il y avait des invités à la maison. Ma maman m’a présenté en langaze figuré. Elle a dit : « C’est Philippe, mon petit dernier. » Ze suis le dernier, c’est vrai pour l’instant en tout cas, mais pas petit du tout, plutôt grand pour mon aze, même ! « Il a un appétit d’oiseau. » C’est idiot, les oiseaux manzent une fois leur poids par zour, à ce qu’il paraît, et moi ze manze presque rien. Et elle a dit aussi que z’étais touzours dans la lune, alors que z’étais là, à table, avec eux, tout le monde pouvait témoigner ! Et à moi, elle ne m’a dit parlé qu’en langaze propre : « Tais-toi, essuie-toi la bouche, ne mets pas les coudes sur la table, dis bonsoir et va te coucher… »
Philippe en tira la conclusion que le langage figuré était celui des maîtresses de maison et le langage propre celui des mères de familles.
Daniel Pennac, Chagrin d’école (2010)
L’enfant Jules [Ferry] vécut 100 ans.
1875-1975
En gros.
Arraché à la société industrielle pendant le dernier quart du XIX$^e$ siècle, il fut livré à la société marchande, qui en fit un enfant client.
Simone Weil, La notion de valeur (2010)
Cette condition de l’artiste, obligé de tendre sans cesse vers une beauté qu’il ignore, met une nuance d’angoisse dans tout effort de création artistique.
Simone Weil, La notion de valeur (2010)
Quant aux systèmes complets construits dans le dessein d’éliminer toutes les contradictions essentielles de la pensée, on comprendrait que s’ils ont une valeur, elle ne peut être que poétique.
Simone Weil, Expérience de la vie d’usine (2010)
Au niveau de l’ouvrier, les rapports établis entre les différents postes, les différentes fonctions, sont des rapports entre les choses et non entre les hommes.
Simone Weil, Expérience de la vie d’usine (2010)
Le malheur de l’ouvrier à l’usine est encore plus mystérieux. Les ouvriers eux-mêmes peuvent très difficilement écrire, parler ou même réfléchir à ce sujet, car le premier effet du malheur est que la pensée veut s’évader ; elle ne veut pas considérer le malheur qui la blesse. Aussi les ouvriers, quand ils parlent de leur propre sort, répètent-ils le plus souvent des mots de propagande faits par des gens qui ne sont pas ouvriers.
Simone Weil, Expérience de la vie d’usine (2010)
Il est difficile d’être cru quand on ne décrit que des impressions. Pourtant, on ne peut décrire autrement le malheur d’une condition humaine.
Simone Weil, Expérience de la vie d’usine (2010)
L’humiliation a toujours pour effet de créer des zones interdites où la pensée ne s’aventure pas et qui sont couvertes soit de silence soit de mensonge.
Simone Weil, Impressions d’Allemagne (2010)
A propos de la crise de 1929 touchant l’Allemagne.
En somme le jeune Allemand, ouvrier ou petit-bourgeois, n’a pas un coin de sa vie privée qui soit hors d’atteinte de la crise. Pour lui les perspectives bonnes ou mauvaises concernant les aspects même les plus intimes de son existence propre se formulent immédiatement comme des perspectives concernant la structure même de la société.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
A propos du refus de Jacques Delors de se présenter à l’élection présidentielle.
Il a renoncé parce qu’il pensait ne pas avoir tous les éléments nécessaires à la mise en oeuvre des réformes qu’il estimait indispensables. Il s’est donc posé en planificateur qui n’avait pas les moyens de ses objectifs plutôt qu’en stratège qui accepte d’analyser les probabilités de transformations réelles à l’intérieur du système. De ce point vue « adémocratique », effectivement, aucune réforme n’est jamais possible.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
A propos des grandes écoles.
Le contenu de l’enseignement perd de son importance : […] il est d’abord et avant tout un outil pour maîtriser l’aléatoire de la performance qui va permettre le classement.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Les élites françaises sont extrêmement brillantes, éblouissantes dans l’instant. […] Mais elles ne s’imposent ni dans les nouvelles pratiques, ni dans les nouveaux concepts.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
L’école française ne développe pas les logiques coopératives entre enfants et entre enfants et adultes.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Si celui-ci parle [l’interviewé], ce n’est pas pour faire plaisir à un interrogateur, si « gentil » soit-il, c’est pour pouvoir mieux se comprendre lui-même.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Dans les très nombreuses commissions nationales, la tactique instinctive de l’Administration est donc presque toujours de créer une situation conflictuelle au sein de la commission afin que le président et les rapporteurs puissent imposer le résultat recherché.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
On ne délibère bien qu’en petit groupe.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Le décideur est traditionnellement considéré en France comme un surhomme qui sait tout faire et qui doit avoir réponse à tout, faute de quoi, il sera jugé incapable. Par ailleurs, on observe un mépris total du travail collégial et des commissions.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Le bon décideur est celui qui décide peu.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Il [le patron] ne se rendait pas compte […] qu’il étouffait la créativité de ses chefs d’unités obligés de s’incliner constamment devant la supériorité du patron.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Je suis convaincu que le changement peut intervenir à l’occasion des crises mais ne se produit pas naturellement de façon favorable.
Michel Crozier, La crise de l’intelligence (2010)
Il [le supérieur hiérarchique] pourra ainsi prendre une décision apparemment aberrante uniquement parce que celle qu’on considérerait comme la meilleure d’un point de vue extérieur risquerait de lui faire perdre sa place ou simplement une partie de son pouvoir.
Pierre Mayol, L’invention du quotidien (2), Habiter (2010)
La ville est, au sens fort, « poétisée » par le sujet : il l’a re-frabriquée pour son usage propre en déjouant les contraintes de l’appareil urbain.
Pierre Mayol, L’invention du quotidien (2), Habiter (2010)
Je me souviens en particulier d’un vendeur qui, sur un marché parisien avançait les pires obscénités et uniquement à ses clients (il méprisait presque les hommes qui « faisaient les commissions », petite pointe machiste) ; lorsqu’elles lui achetaient des légumes, cela allait des « touffes » de salades, aux oignons « bien pendus », en passant par les carottes « qu’en pressant bien y a le jus qui sort » ; à tel point qu’un jour une cliente scandalisée le gifla publiquement, à la stupeur de tout l’entourage. Insulte suprême, que le vendeur réussit à détourner en lâchant un juron superbe, digne de Goerges Brassens : « Mort à la vertu, Bon Dieu ! »
Pierre Mayol, L’invention du quotidien (2), Habiter (2010)
Dans un tiroir du bas, Madame Marie a veillé à disposer sa tenue mortuaire, avec un petit flacon d’eau bénite et une branche de buis, renouvelée à chaque fête des Rameaux par sa cousine Amélie, très pratiquante.
Luce Giard, L’invention du quotidien (2), Faire la cuisine (2010)
Extrait d’une interview faite par l’auteure
Dans les restaurants, […], j’avais remarqué, c’est un hasard, que dans ceux où il y avait des nappes rouges et blanches, la cuisine était très bonne ! Vous savez les nappes campagnardes classiques.
Billy Wilder, Some like it hot (2010)
Jack Lemmon (déguisé en femme) : But you can’t marry me !
Osgood Fielding III (milliardaire sexagénaire au moins) : Why ?
Jack Lemmon (enlevant sa perruque) : Because I’m a man !
Osgood Fielding III (très calme et en sourire) : Nobody’s perfect.
Barack Obama, extrait d’un discours prononcé en Pennsylvannie (2010)
You go into some of these small towns in Pennsylvania, and like a lot of small towns in the Midwest, the jobs have been gone now for 25 years and nothing’s replaced them. And they fell through the Clinton Administration, and the Bush Administration, and each successive administration has said that somehow these communities are gonna regenerate and they have not. And it’s not surprising then they get bitter, they cling to guns or religion or antipathy to people who aren’t like them or anti-immigrant sentiment or anti-trade sentiment as a way to explain their frustrations.
Karl Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel (2010)
Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore trouvé lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la réalisation fantastique de l’être humain, parce que l’être humain ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c’est donc indirectement lutter contre ce monde-là, dont la religion est l’arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.(…) La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est-à-dire de son soleil réel.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
Voyager, c’est découvrir que le monde a tort.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
C’est par leur contraire que se manifestent les choses cachées. Mais Dieu n’a pas de contraire et il demeure caché.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
Aux Indes, la classe des fonctionnaires se compose d’hommes de bonne famille, des gens convenables, et sur le plan de l’éducation, assez instruits. En conséquence, ils sont tolérants et bien élevés car l’homme instruit sait regarder les choses d’un autre point de vue que le sien. Et celui qui a été élevé dans les classes supérieures de la société est généralement courtois ; non pas qu’il ne se sente supérieur aux autres, mais précisement parce que son sentiment de supériorité est si profond qu’il a conscience de devoir être poli envers les inférieurs, petite compensation à leur infériorité manifeste.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
Dans une époque d’autorité, l’originalité est bien moins prisée que la faculté de répéter comme un perroquet les mots des morts illustres et même non illustres : l’important est qu’ils soient morts.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
Plus il y a d’hypocrisie en politique, mieux cela vaut. L’hypocrisie en soi n’est rien, mais liée à la plus infime parcelle de sincérité, elle sert, tout comme le zéro à la droite d’un nombre, à multiplier tout ce qu’il peut y avoir de bonne volonté sincère. Les politiciens qui affectent les principes humanitaires sont forcées, tôt ou tard, de mettre leurs théories en pratique, et d’une façon bien plus absolue qu’ils n’en avaient jamais eu l’intention.
Aldous Huxley, Tour du monde d’un sceptique (2010)
Dès qu’il s’agit de Dieu, nous sommes tous plus ou moins primitifs.
… …, … (2010)
L’urgence a ceci de rassurant qu’elle soumet les décisions à l’évidence. L’urgence est l’alibi parfait.
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu (2010)
Ceux qui apprennent sur la vie d’un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l’explication de choses qui précisément n’ont aucun rapport avec lui.
Paul Valéry, Alphabet (2010)
On devine à sa courtoisie qu’il est absent.
Paul Valéry, Tel Quel (2010)
La plupart des hommes ont une idée si vague de la poésie que ce vague même de leur idée est pour eux la définition de la poésie.
David Hume, Traité de la nature humaine (2010)
Toute connaissance dégénère en probabilité.
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere (2010)
Et pourtant, qu’est-ce qui est pire, je me le demande : être à la merci d’un homme qui vous aime, ou être l’épouse d’un homme qui vous déshonore dans votre propre maison ?
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere (2010)
Mes affaires m’ennuient toujours mortellement. Je préfère celle des autres.
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere (2010)
— Combien de temps pourriez-vous aimer une femme qui ne vous aimerait pas, Cecil ?
— Une femme qui ne m’aimerait pas ? Oh toute ma vie !
Oscar Wilde, L’éventail de Lady Windermere (2010)
Quand les gens sont de mon avis, j’ai toujours le sentiment que je dois me tromper.
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (2010)
…… Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous il le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ? …
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et, donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans des cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse: « Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ? » …
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Aimer mieux faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
Je ne suis pas prête à les avoir [mes 20 ans], tu sais. J’ai l’impression qu’on m’oblige à avancer.
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
A la fin, j’ajoutai que cela m’était très pénible d’attendre sa réponse et qu’il me tardait seulement de savoir si je l’avais blessée ou non.
Henri Laborit, L’éloge de la fuite (2010)
Il y a plusieurs façons de fuir. […] Il y a peut-être une autre façon encore : fuir dans un monde qui n’est pas de ce monde, le monde de l’imaginaire.
Henri Laborit, L’éloge de la fuite (2010)
Même le suicidaire se supprime par plaisir.
Henri Laborit, L’éloge de la fuite (2010)
Le travail sans motivation est de plus en plus ressenti comme une aliénation au système social exigeant une production accrue au bénéfice de quelques-uns et non de tous.
Henri Laborit, L’éloge de la fuite (2010)
A propos de la la société de consommation.
N’ayant jamais appris aux hommes qu’il peut exister d’autres activités que celles de produire et de consommer, lorsqu’ils arrivent à l’âge de la retraite il ne leur reste plus rien, ni motivation hiérarchique ou d’accroissement du bien-être matériel, ni satisfaction narcissique.
Henri Laborit, L’éloge de la fuite (2010)
Ce n’est pas l’Utopie qui est dangereuse, car elle est indispensable à l’évolution. C’est le dogmatisme, que certains utilisent pour maintenir leur pouvoir, leurs prérogatives et leur dominance.
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
Personne n’aime la solitude. Seulement, je ne fais pas d’efforts pour me faire des amis. On est déçu de toute façon.
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
L’amour commence par des choses insignifiantes ou sans importance. Si cela ne passe pas par là, ce n’est pas la peine.
Camillo Sitte, L’art de bâtir des villes (2010)
On comprend que l’agoraphobie soit une maladie moderne toute récente, car sur les petites places anciennes, on se sent à l’aise.
Camillo Sitte, L’art de bâtir des villes (2010)
C’est simplement le manque d’imagination, la recherche de la facilité et le manque de bonne volonté qui ont condamné l’habitant des villes modernes à vivre dans les quarties surpeuplés et informes, et à supporter sa vie durant, le spectacle abrutissant des immeubles de rapport et des alignements de façades éternellement semblables. Certes la douce puissance de l’habitude émousse notre sensibilité et nous rend moins vulnérables à ces impressions.
Maréchal Mac Mahon, Le Figaro 23/08/1874 (2010)
J’ai remarqué dans mes voyages que jamais il n’y avait d’enthousiasme dans les villes dont les rues sont tracées au cordeau et se croisent régulièrement à angle droit. L’alignement est incompatible avec l’effervescence populaire.
Maurice Halbwachs, Morphologie sociale (2010)
Car la société s’insère dans le monde matériel, et la pensée du groupe trouve dans les représentations qui lui viennent de ses conditions spatiales un principe de régularité et de stabilité.
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
Mais il ne faut pas passer à l’acte. Parce que nous sommes amis, tu comprends ? On peut penser et faire tout ce que l’on veut du moment qu’on ne passe pas à l’acte.
Haruki Murakami, La ballade de l’impossible (2010)
Il ne s’intéresse qu’à ce qu’il pense, ce qu’il ressent, ce qu’il fait. C’est pour cela qu’il peut considérer les choses en se coupant des autres.
Samuel Beckett, Fin de partie (2010)
J’essaie de fabriquer un peu d’ordre.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Soyez philosophe ; mais au milieu de toute votre philosophie, soyez toujours un homme.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Pour moi, il me paraît qu’il y a seulement trois principes de connexion entre des idées, à savoir ressemblance, contiguïté dans le temps et l’espace, et relation de cause à effet.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Parfois une inévitable ignorance rend vains tous ses efforts ; parfois il [l’historien] supplée par conjecture à ce qui défaut à sa science ; toujours il a conscience que moins rompue est la chaîne qu’il présente à ses lecteurs, plus parfaite est son oeuvre.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent naturellement se diviser en deux genres, à savoir les relations d’idées et les faits. […] Les propositions de ce genre [les relations d’dées], on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de de qui existe dans l’univers. […] Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible, car il n’implique pas contradiction et l’esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s’il concordait pleinement avec la réalite. […] Si donc nous désirons nous satisfaire au sujet de la nature de l’évidence qui nous donne la certitude des faits, il faut que nous recherchions comment nous arrivons à la connaissance de la cause et de l’effet. […] J’oserai affirmer, comme une proposition générale qui n’admet pas d’exception, que la connaissance de cette relation ne s’obtient, en aucun cas, par des raisonnements a priori ; mais qu’elle naît entièrement de l’expérience, quand nous trouvons que des objets particuliers sont en conjonction constante l’un avec l’autre.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Ainsi, en un mot, tout effet est un événement distinct de sa cause. On ne peut le découvrir dans la cause.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
De causes qui paraissent semblables, nous attendons des effets semblables. Telle est la somme de toutes nos conclusions expérimentales.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
La passion philosophique, comme la passion religieuse, est exposée, semble-t-il, à cet inconvénient que, bien qu’elle vise à corriger nos moeurs et à déraciner nos vices, il se peut qu’elle ne serve, si on la gouverne imprudemment, qu’à encourager une inclinaison prédominante et à pousser l’esprit, avec une résolution plus déterminée, de côté qui l”attire trop déjà par l’effet des tendances et inclinaison de son caractère naturel.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Pourquoi tirons-nous de mille cas une inférence que nous sommes incapables de tirer d’un seul cas, qui ne diffère à aucun regard des précédents ? […] Toutes les inférences tirées de l’expérience sont donc des effets de l’accoutumance et non des effets du raisonnement.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Rien n’est plus libre que l’imagination humaine ; bien qu’elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Il est vrai, quand une cause manque de produire son effet habituel, les philosophes n’attribuent pas ce manquement à une irrégularité dans la nature ; mais ils supposent que des causes cachées dans la structure particulière des parties ont empêché l’opération. Nos raisonnements, toutefois, et nos conclusions sur l’événement sont les mêmes que si ce principe n’intervenait pas. Comme nous sommes déterminés par l’accoutumance à transférer le passé au futur dans toutes nos inférences, si le passé a été entièrement régulier et invariable nous attendons l’événement avec la plus grande assurance et ne laissons aucune place à une supposition contraire. Mais si nous avons trouvé que différents effets ont suivi des causes qui, en apparence, sont exactement semblables, il faut que ces tous ces effets variés se présentant à l’esprit dans le transfert du passé au futur et que nous les prenions en considération quand nous déterminons la probabilité de l’événement.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
C’est seulement quand ils découvrent des phénomènes extraordinaires, tremblements de terre, pestes et prodiges de toute sorte, qu’ils se trouvent en peine de leur assigner une cause propre et d’expliquer la manière dont l’effet est produit par cette cause. Les hommes ont l’habitude, dans de telles difficultés, de recourir à quelque principe invisible et intelligent comme cause immédiate de l’événement qui les surprend et qui, pensent-ils, ne peut s’expliquer par les pouvoirs communs de la nature.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Le vulgaire, qui prend les choses d’après leur première apparence, attribue l’incertitude des événements à une incertitude dans les causes, telle que celles-ci, souvent, n’exercent pas leur action habituelle, bien que leur action ne rencontre pas d’obstacle.
Henry de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant (2010)
Jusqu’à présent je n’avais qu’à vous sauver que de vous- même. Maintenant j’ai à vous sauver aussi d’un autre.
Henry de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant (2010)
Vous n’êtes pas une présence, vous êtes une absence.
Henry de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant (2010)
Vous serez vaincu d’autres fois dans votre vie.
Henry de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant (2010)
Ce dont Souplier a besoin, c’est de surnaturel authentique.
Henry de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant (2010)
Je vous parle un langage qu’on ne vous parle jamais en vain.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Quiconque tente de définir la cause en excluant ces circonstances sera obligé, soit d’employer des termes inintelligibles, soit des synonymes du terme qu’il tente de définir.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
La liberté sur laquelle s’accorde tous les hommes est aussi essentielle à la morale et il n’y a pas d’action humaine où elle fasse défaut qui soit susceptible d’avoir des qualités morales ou qui puisse être l’objet, soit d’approbation, soit de désapprobation. En effet, comme les actions sont les objets de notre sentiment moral uniquement dans la mesure où elles sont des indices de notre caractère intérieur, des passions et des affections, il est impossible qu’elles puissent éveiller la louange ou le blâme si elles ne procèdent pas de ces principes [la liberté] et si elles dérivent entièrement d’une violence extérieur.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Il n’est pas possible d’expliquer distinctement comment Dieu peut être la cause médiate de toutes les actions humaines sans être l’auteur du péché et de la dépravation morale. Ce sont des mystères que la raison naturelle, seule et sans aude, est tout à fait incapable de discuter ; quelque système qu’elle embrasse, il faut qu’elle se trouve enveloppée dans des difficultés inextricables, et même en des contradictions, à chaque pas qu’elle en fait en de tels sujets.
Voltaire, correspondance épistolaire (2010)
La persécution irrite ; elle enhardit quiconque se sent du génie ; elle rend irréconciliable celui que l’indulgence aurait retenu.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
L’éloquence, à son plus haut sommet, laisse peu de place à la raison et à la réflexion ; mais comme elle s’adresse entièrement à l’imagination ou aux affections, elle captive les auditeurs complaisants et subjugue leur entendement.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
La pure raison ne suffit pas à nous convaincre de sa véracité [de la religion] ; quiconque est mû par la foi et à y donner son assentiment est conscient d’un miracle continu dans sa propre personne, qui bouleverse tous les principes de son entendement et lui donne une détermination à croire ce qui est le plus contraire à la coutume et à l’expérience.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Vous ne considérez jamais que les hommes ne raisonnent pas de la même manière que vous, mais qu’ils tirent de nombreuses conséquences de la croyance à l’existence de Dieu ; qu’ils supposent que Dieu infligera des peines au vice et qu’il distribuera des récompenses à la vertu, en plus de ce qui paraît dans le cours ordinaire de la nature. Que ce raisonnement qu’ils font soit, ou non, correct, peu importe. Son influence sur la vie et sur la conduite reste nécessairement la même. Et ceux qui tentent de les désabuser de tels préjugés peuvent être, pour autant que je sache, de bons raisonneurs ; mais je ne peux les reconnaître comme de bons citoyens et de bons politiques, car ils délivrent les hommes d’une contrainte qui endigue leurs passions et ils rendent plus facile et plus sûre, à cet égard, l’infraction aux lois de la société.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
La nature est toujours trop puissante pour les principes.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (2010)
Tout ce qui est peut ne pas être. Il n’y a pas de fait dont la négation implique contradiction.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Une autre de mes patientes, intelligente et douée, me parla de sa grand-mère, qui vivait dans le Midwest. Jeune fille, celle-ci aimait prendre le train pour Chicago, coiffé d’un grand chapeau, puis descendre Michigan Avenue en léchant les vitrines. Elle adorait la toilette. Or, de gré, de force ou parce que c’était son destin, elle épousa un fermier. Ils allèrent pour s’installer dans les grandes plaines à blé et, petit à petit, elle s’étiola dans sa jolie ferme, près de ses enfants impeccables et son mari parfait. Elle n’avait désormais plus de temps à consacrer aux « frivolités » d’autrefois, trop occupée par la maison et les enfants.
Quelques années plus tard, après avoir un jour scrupuleusement nettoyé à la main le sol de la cuisine et du salon, elle enfila sa plus belle blouse de soie, ajusta sa jupe longue et vissa son grand chapeau sur la tête. elle plaça le canon du fusil de chasse de son époux dans sa bouche et appuya sur la détente. Toutes les femmes comprendront pourquoi elle avait d’abord lavé le sol.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il est donc courant de voir les femmes supprimer leur nature sauvage, fondamentalement originale, leur âme créatrice en réaction à la menace du prédateur.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il est intéressant de noter que les filles dont le père est naïf mettent souvent longtemps à s’éveiller.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il y a des choses qu’on ne doit pas savoir.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
La compréhension viendra en son temps. Il faut accepter que certaines choses soient hors de notre portée, même si elles agissent sur nous et nous enrichissent.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
C’est l’histoire d’un vieil homme en train de mourir. Il fait venir ses proches autour de lui. A chacun des membres de sa nombreuses famille, rejetons, femmes et parents, il remet un bâton, court et solide. « Cassez-le », leur dit-il. Non sans quelques difficultés, ils parviennent à le couper en deux.
« Ainsi en va-t-il de l’âme qui est seule, sans personne. On peut la briser facilement. »
Le vieil homme donne à chacun des siens un autre bâton et dit : « C’est ainsi que je voudrais que vous viviez quand je ne serai plus là. Réunissez vos bâtons et fagots de deux ou trois. Maintenant, essayez de les casser en deux. »
Une fois les bâtons réunis par deux ou trois, impossible de les rompre. Le vieil homme sourit : « Lorsque nous sommes avec un autre être, nous avons de la force. Personne ne peut nous briser lorsque nous sommes plusieurs. »
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il y a chez chaque femme et chaque homme une partie d’eux- mêmes qui se refuse à admettre que, dans toute histoire d’amour, la Mort doit prendre sa part.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Une jeune homme avait souffert de la perte de son premier amour sans que personne ne vînt le soutenir ou l’aider à en guérir. Pendant des années, il erra, brisé mais niant complètement être blessé. Un autre venait d’être recruté dans une équipe professionnelle de basket-ball, lorsqu’il se blessa accidentellement à la jambe. Handicapé à vie, il vit son rêve de toujours s’effondrer du jour au lendemain. Ce fut une tragédie. Non seulement, il était atteint dans sa chair, mais pendant vingt ans, le baume qu’il versa sur sa plaie prit la forme de l’amertume, des abus de substances psycho-actives et des excès en tous genres. Cette blessure malodorante se sent de loin chez les hommes. Et aucune femme, nul amour, nulle attention ne parviennent à la guérir. C’est le rôle de l’autocompassion.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il est meilleur pour l’âme de rester ce que nous sommes et de laisser les autres être ce qu’ils sont.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Pour savoir de manière fiable si une femme a eu, à un moment donné ou durant toute sa vie, le statut de vilain petit canard, il suffit d’observer si elle est incapable d’accepter un compliment sincère. Ce pourrait être bien sûr affaire de modestie, ou de timidité - quoiqu’on classe trop souvent sans le label « simple timidité » de nombreuses blessures graves - mais souvent, ce compliment est reçu avec embarras par la femme parce qu’il provoque automatiquement un dialogue déplaisant dans son esprit.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Il y a dans la famine quelque chose qui aveugle le jugement.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Le piège, c’est d’essayer de s’accrocher aux bons moments en essayant de ne pas se préoccuper des mauvais, car cela ne fonctionne jamais.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Les prétendues amies qui souffrent des mêmes blessures, sans pour autant avoir le désir de guérir, représentant à la fois un piège et un poison. Elles vous encouragent à agir en dehors de vos cycles naturels, à côté des besoins de votre âme.
Charles Simic, poèmes (2010)
Celui qui ne sait pas hurler, jamais ne trouvera sa bande.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Nous savons parfaitement que, pour vivre, toutes les créatures doivent bénéficier, au moins de temps en temps, d’un endroit où elles soient chez elles et se sentent en sécurité, protégées.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups (2010)
Un homme alla voir un szabo, un tailleur, et essaya un costume. Dans le miroir, il remarqua que le bas de la veste n’était pas tout à fait droit.
— Oh, dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Il suffit que vous teniez le bas avec votre main gauche et personne ne remarquera rien.
Le client obéit, mais alors il remarqua que le revers se relevait un peu.
— Oh ça ? dit le tailleur. Ce n’est rien. Tournez un peu la tête et maintenez-le avec votre menton. Il n’y paraîtra plus.
Le client obtempéra, mais alors il remarqua que la taille du pantalon n’était pas tout à fait assez longue et que cela le gênait un peu à l’entrejambe.
— Oh dit le tailleur, ce n’est pas un problème. Tirez dessus avec votre main droite et tout sera parfait.
Le client en convint et il acheta le costume.
Le lendemain, il mit son costume neuf en prenant toutes les postures ad hoc. Tandis qu’il traversait le parc en boitant, le menton collé sur le revers, une main tirant la veste et l’autre sur l’entrejambe, deux vieillards interrompirent leur jeu de dames pour l’observer.
— M’Isten, Seigneur ! s’exclama le premier, regarde ce pauvre infirme !
Le second réfléchit.
— Igen, oui, c’est terrible, mais vois-tu, je me demande… où donc a-t-il eu un si beau costume.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[John] Eh bien, voici ce que les familles moyennes n’aiment pas : que la personne ait changé toute seule, que ce soit une amélioration personnelle. Le changement n’est plus une « propriété familiale », et lorsqu’un membre change, cela menace le sentiment de cohésion crispée qu’elles confondent avec l’amour.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[Robin] Donald McKinnon a fait des recherches marquantes dans les années 1970 à l’université de Berkeley. Il a examiné plusieurs professions pour découvrir ce qui rendait les gens créatifs. Il a découvert que l’attitude des gens jugés « créatifs » comportait deux caractéristiques : begin*enumerate* item ils avaient plus de facilité à passer en mode ludique ; item ils étaient prêts à réfléchir beaucoup plus longtemps aux problèmes avant de les résoudre. end*enumerate*
Akio Morita, … (2010)
L’homme naît curieux, mais cette curiosité naturelle s’assèche à mesure qu’il grandit. Je considère que mon travail est de faire tout mon possible pour nourrir la curiosité des gens avec lesquels je travaille, parce qu’à Sony nous savons qu’une fabuleuse idée surgira plus facilement dans une atmosphère de confiance que là où tout est calculé, toute action paralysée, toute responsabilité fixée par un organigramme.
Blaise Pascal, Les pensées (2010)
Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[John] La liberté amène la solitude.
Mark Twain, (2010)
Dans notre pays, nous avons trois choses indiciblement positives : la liberté de paroles ; la liberté de conscience ; et la prudence de ne jamais les mettre en pratique.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[Robin] Le problème tient généralement à ce qu’une partie de nous-mêmes fait une promesse et qu’une autre partie doit la remplir.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[Robin] [Un scout arrive en retard à une réunion.] Il s’excuse en disant qu’on lui a dit que les scouts devaient aider les gens, et qu’il a donc aidé une vieille dame à traverser la rue. Le chef scout lui répond : « Mais tu es très en retard ! », et le garçon réplique : « Oui, chef, mais elle n’avait pas vraiment envie de traverser ! »
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[Robin] Certains de ceux qui ont évolué ont certainement cessé de penser qu’il suffisait de croire à une idée ou d’observer des rituels pour améliorer la vie comme par magie. Ce genre d’attitude était remplacé par le sentiment réel de faire partie d’un dessein plus grand.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[John] La plupart d’entre nous résistons au changement en nous accrochant à toutes sortes de choses - les gens, notre groupe social, un lieu ou une époque particuliers, des routines, des attitudes, des opinions, voire des images de nous-mêmes…
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[Robin] Quelqu’un qui essaye de changer le fait presque toujours en suivant sa propre idée des changements nécessaires. En d’autres termes, il tente de réparer une machine défectueuse en l’utilisant à cette fin.
John Cleese, Robin Skynner, Comment être un névrosé heureux (2010)
[John] Il ne suffit donc pas d’aller à la rencontre de gens nouveaux et d’expériences peu familières ; il faut aussi être prêt à nous permettre de ressentir toute forme de confusion qui en résultera ?
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Car je me trouvais embarrassé de tant de doutes et d’erreurs qu’il me semblait n’avoir fait autre profit en tâchant de m’instruire, sinon que j’avais découvert de plus en plus mon ignorance.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Ils élèvent fort haut les vertus, et les font paraître estimables par-dessus toutes les choses qui sont au monde, mais ils n’enseignent pas assez à les connaître.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Et le monde n’est quasi composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient aucunement. A savoir de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugements, ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées : d’où vient que s’ils avaient une fois pris la liberté de doute des principes qu’ils ont reçus et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourraient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureraient égarés toute leur vie. Puis de ceux qui, ayant assez de raison, ou de modestie, pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être bien instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Et comme la multitude des lois fournit souvent des excuses aux vices, en sorte qu’un Etat est bien mieux réglé lorsque, n’en ayant que fort peu, elles y sont fort étroitement observées, […]
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
En même façon que les grands chemins qui tournoient entre des montagnes deviennent peu à peu si unis et si commodes, à force d’être fréquentés, qu’il est beaucoup meilleur de les suivre que d’entreprendre d’aller plus droit, en grimpant au-dessus des rochers, et descendant jusques au bas des précipices.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose : et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchais.
Voltaire, Lettres philosophiques (2010)
C’est une consolation pour un esprit aussi borné que le mien d’être bien persuadé que les plus grands hommes se trompent comme le vulgaire.
Voltaire, Lettres philosophiques (2010)
J’avoue que l’homme est inconcevable.
Voltaire, Lettres philosophiques (2010)
Jamais philosophe ne s’est dit inspiré de Dieu, car dès lors il eût cessé d’être philosophe, et il eût fait le prophète.
… …, … (2010)
En chacun réside une question qui n’aura jamais de réponse. Je ne suis pas tenu de l’appeler Dieu.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Il semble que le rire ait besoin d’un écho.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le rire doit répondre à certaines exigences de la vie en commun. Le rire doit avoir une signification sociale.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le comique est inconscient.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Une personnage de tragédie ne changera rien à sa conduite parce qu’il saura comment nous la jugeons ; il y pourra persévérer, même avec la pleine conscience de ce qu’il est, même avec le sentiment très net de l’horreur qu’il nous inspire.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Toute raideur du caractère, de l’esprit et même du corps, sera donc suspecte à la société, parce qu’elle est le signe possible d’une activité qui s’endort et aussi d’une activité qui s’isole, qui tend à s’écarter du centre commun autour duquel la société gravite, d’une excentricité enfin.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le rire a quelque chose d’esthétique cependant puisque le comique naît au moment précis où la société et la personne, délivrés du souci de leur conservation, commencent à se traiter elles-mêmes comme des oeuvres d’art.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Peut devenir comique toute difformité qu’une personne bien conformée arriverait à contrefaire.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Il y a des visages qui paraissent occupés à pleurer sans cesse, d’autres à rire ou à siffler, d’autres à souffler éternellement dans une trompette imaginaire.
Henri Bergson, Le rire (2010)
L’idée est chose qui grandit, bourgeonne, fleurit, mûrit, du commencement à la fin du discours. Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Jamais elle ne s’arrête, jamais elle ne se répète. Il faut qu’elle change à chaque instant car cesser de changer serait cesser de vivre.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Une des raisons qui ont dû susciter bien des théories erronées ou insuffisantes du rire, c’est que beaucoup de choses sont comiques en droit sans l’être en fait, la continuité de l’usage ayant assoupi en elles la vertu comique.
Henri Bergson, Le rire (2010)
On pourrait dire que les cérémonies sont au corps social ce que le vêtement est au corps individuel : elles doivent leur gravité à ce qu’elles s’identifient pour nous avec l’objet sérieux auquel l’usage les attache, elles perdent cette gravité dès que notre imagination les en isole.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac (2010)
La raisonnement que vous en avez fait est si docte et si beau qu’il est impossible que le malade ne soit pas mélancolique hypocondriaque ; et quant il ne le serait pas, il faudrait qu’il le devînt, pour la beauté des choses que vous en avez dites et la justesse du raisonnement que vous en avez fait.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Aussi le poète tragique a-t-il soin d’éviter tout ce qui pourrait appeler notre attention sur la matérialité de ses héros. Dès que le souci du corps intervient, une infiltration comique est à craindre. C’est pourquoi les héros de tragédie ne boivent pas, ne mangent pas, ne se chauffent pas. Même, autant que possible, ils ne s’assoient pas. S’asseoir au milieu d’une tirade serait se rappeler qu’on a un corps.
… …, … (2010)
J’écris dans l’espoir de rendre mes mots agréables à lire, pour qu’on se surprenne à lire ce qu’on n’avait pas voulu écouter.
… …, … (2010)
Un livre, même fermé, est un bout de rêve posé dans un coin.
Jean Cocteau, Les parents terribles (2010)
Ceux qui savent se dominer ont l’air moins à plaindre, naturellement.
Jean Cocteau, Les parents terribles (2010)
Il est mauvais de trop fouiller le coeur. Il y a de tout dans le coeur. Ne fouille pas trop dans mon coeur, ni dans le tien.
Jean Cocteau, Les parents terribles (2010)
En somme, si je comprends bien, ton idéal serait d’avoir un fils infirme pour qu’il ne quitte pas la maison.
… …, … (2010)
Dieu est-il une question ou une réponse ?
Jean Cocteau, Les parents terribles (2010)
Léo : Ce n’est pas de l’insuline. Elle a pris autre chose !
[…]
Yvonne : Je vous ai vus ensemble, là-bas, dans le coin. Je me suis dit que je vous gênais, que je dérangeais les autres.
[…]
Yvonne : J’ai perdu la tête. Je voulais mourir. Mais je ne veux plus mourir. Je veux vivre ! […] Je vous le promets.
Molière, L’amour médecin (2010)
Une homme mort n’est qu’un homme mort, mais une formalité négligée porte un notable préjudice à tout le corps des médecins.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Vous aurez du mécanique dans du vivant, vous aurez du comique.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination du moins, être dupeur que dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur.
Emmanuel Kant, (2010)
Le rire vient d’une attente qui se résoud subitement en rien.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Convaincu que le rire a une signification et une portée sociales, que le comique exprime avant tout une certaine inadaptation particulière de la personne à la société, qu’il n’y a de comique enfin que l’homme.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Il se mêle au plaisir du rire une arrière-pensée que la société a pour nous quand nous ne l’avons pas nous-mêmes. Il y entre l’intention avouée d’humilier, et par là, il est vrai de corriger tout au moins, extérieurement.
Henri Bergson, Le rire (2010)
La vérité est que le personnage comique peut, à la rigueur, être en règle avec la stricte morale. Il lui reste seulement à se mettre en règle avec la société.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Un vice souple serait moins facile à ridiculiser qu’une vertu inflexible.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Quiconque s’isole s’expose au ridicule, parce que le comique est fait, en grande partie, de cet isolement même. Ainsi s’explique que le comique soit si souvent relatif moeurs, aux idées, - tranchons le mot, aux préjugés d’une société.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le comique, disions-nous, s’adresse à l’intelligence pure ; le rire est incompatible avec l’émotion.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Vivre, c’est n’accepter des objets que l’impression utile pour y répondre par des réactions appropriées.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le personnage comique est d’ordinaire, comme nous l’avons montré, un distrait, et de cette distraction à une rupture complète d’équilibre le passage se ferait insensiblement.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Notre caractère est l’effet d’un choix qui se renouvelle sans cesse.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Pénétrer trop avant dans la personnalité, rattacher l’effet extérieur à des causes trop intimes, serait compromettre et finalement sacrifier ce que l’effet avait de risible.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Ce souvenir veut se matérialiser, et dès lors le premier objet venu, n’eût-il la forme d’un géant qu’une ressemblance lointaine, recevra de lui la forme d’un géant.
Henri Bergson, Le rire (2010)
Le rire est, avant tout, une correction. Fait pour humilier, il doit donner à la personne qui en est l’objet une impression pénible. La société se venge par lui des libertés qu’on a prises avec lui des libertés qu’on a prises avec elle. Il n’atteindrait pas son but s’il portait la marque de la sympathie et de la bonté.
… …, … (2010)
La motivation est irrationnelle.
… …, … (2010)
J’adore discuter avec toi. Je perds toujours un ou deux préjugés à chaque fois.
Fontenelle, Histoire de mon coeur (2010)
D’ordinaire, on est frappé d’abord des bonnes qualités ; on s’engage là-dessus à aimer. Peu à peu, on reconnaît les défauts, et le dégoût vient. Mais il m’arriva tout le contraire. Le première chose que j’aperçus dans cette jeune Personne, ce furent les défauts. Je crus que j’en pourrais faire quelque usage, et les tourner au profit de ma passion. Je m’embarquai à l’aimer, flatté de cette espérance. Quand je commençai à approfondir son caractère, je lui trouvai beaucoup de bonnes qualités, auxquelles je ne m’étais point attendu. Là-dessus, je changeai de dessein, et je me mis à l’aimer plus que je n’avais encore fait. J’entrepris de la défaire de ses défauts pour avoir l’honneur d’aimer une Personne parfaite. Mais que cela me réussit mal ! J’eus beau mener finement mon entreprise, elle sentit que je lui trouvais des défauts, et jamais elle n’a su me le pardonner. Nous entrâmes l’un et l’autre dans une espèce de jalousie tout à fait particulière. C’était une jalousie d’esprit. Elle crut que j’affectais de marquer que j’avais de la supériorité de génie sur elle ; et pour me faire voir que je n’avais pas tant d’esprit que je ne l’imaginais, elle reçut bien mieux que moi des Gens, qui, à ce que je croyais, ne me valaient pas.
Fontenelle, Histoire de mes conquêtes (2010)
Il ne me sembla point Homme à être la dupe d’une passion ; et son coeur, autant qu’il fût possible d’en juger, n’était pas de nature à se laisser embarquer dans de mauvaises affaires. Il n’avait pas l’air tendre, il affectait même quelque rudesse d’exprit ; et pour se persuader qu’on en fût aimée, il fallait être prévenue d’amour pour lui.
Amy Sherman-Palladino, The Gilmore Girls (2010)
[Le chien] Il ne voit pas d’inconvénient à ce que sa liberté soit restreinte tant qu’il ne s’en rend pas compte. Un vrai Américain.
… …, … (2010)
Le partage de midi de Paul Claudel. Cette femme, Ysé ; elle me blasphème.
Marie-Aude Murail, Miss Charity (2010)
« Ce que j’aime chez une femme ? Comme la beauté va de soi, j’aime qu’elle s’intéresse aux mêmes choses que moi. » Cette phrase m’attristait, sans que je sache pourquoi.
Marie-Aude Murail, Miss Charity (2010)
Maman - Mais, Albert, je crois bien que c’est la deuxième fois qu’elle enterre sa mère.
Papa - Autant que les choses soient bien faites.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Et je ne dois pas imaginer que je ne conçois pas l’infini par une véritable idée, mais seulement par la négation de ce qui est fini, de même que je comprends le repos et les ténèbres par la négation du mouvement et de la lumière.
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Car comment serait-il possible que je puisse connaître que je doute, et que je désire, c’est-à-dire qu’il me manque quelque chose, et que je ne suis pas tout parfait, si je n’avais en moi aucune idée d’un être plus parfait que le mien, par la comparaison duquel je connaîtrais les défauts de ma nature ?
René Descartes, Discours de la méthode (2010)
Il y une grande différence entre l’esprit et le corps, en ce que le corps est entièrement divisible, et que l’esprit est entièrement indivisible.
Kate Chopin, The Awakening (2010)
I was a little unthinking child in those days, just following a misleading impulse wihout a question. On the contrary, during one period of my life religion took a firm open me ; after I was twelve and until - until - why, I suppose until now, thought I never thought much about it - just driven along by habit. But do you know, sometimes I feel this summer as if I were walking throught the green meadow again ; idly, aimlessly, unthinking and unguided.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller, Animal Spirits (2010)
We will never really understand important economic events unless we confront the fact that their causes are largely mental in nature.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller, Animal Spirits (2010)
For example, if no one rebuilds his house in New Orleans after Hurricane Katrina, no one else will want to rebuild.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller, Animal Spirits (2010)
When people make significant investment decisions, they must depend on confidence. Standard economic theory suggests otherwise. It describes a formal process for making rational decisions: People consider all the options available to them.
Georges A. Akerlof, Robert J. Shiller, Animal Spirits (2010)
The most basic economics is a theory of exchange: it describes who trades what to whom in which markets. But there is also a sociological theory of exchange. This theory differs from the economic theory primarily in the central role it accords to fairness. It depends upon notions of what is fair and what is unfair. […] The sociologists say that, when transactions are not fair, the person on the short end of the transaction will be angry. The impulses released by that anger force exchange to be fair. […] In this sense most of the time people want to be fair. They consider it an insult if others do not think they are fair. At the same time, people also want others to live up to what they think those others should be doing.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
Where there’s a will, there’s a way.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
Danger is a good teacher, and makes apt scholar. So are disgrace, defeat exposure to immediate scorn and laughter. There’s no opportunity in such cases for self-delusion, no idling time away, no being off your guard, (or you must take the consequence), - neither is there any room for humour or caprice or prejudice.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
No man is truly great, who is great only in his life-time. The test of greatness is the page of history. Nothing can be said to be great that has a distinct limit, or that borders on something evidently greater than itself. […] We run to see a king as if he was something more than a man. […] A mathematician who solves a profound problem, a poet who creates an image of beauty in the mind that was not there before, imparts knowledge and povers to others, in which his greatness and his fame consist, and on which it reposes. […] No act terminating in itself constitutes greatness.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
Man in an individual animal with narrow faculties, but infinite desires. […] The slave admires the tyrant because the last is, what the first would be.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
A king cannot attain absolute power, while the people remain perfectly free.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
The people may indeed feel their grievance [King’s], but their betters, it is said, must apply the remedy - which they take good care never to do.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
I hate people who have no notion of any thing but generalities, and forms, and creeds, and naked propositions, even worse that I dislike, those who cannot for the soul of them arrive at the comprehension of an abstract idea.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
If a man should try to kill me, or should sell me and my family, for slaves, he would do an injury to as many as he might kill or sell ; but if anyone takes away the character of Black people, that man injures Black people all over the world ; and when he has once taken away their character, there is nothing he may not do to Black people ever after.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
Time has changed ; we cannot revive our old feelings ; and we avoid the sight and are uneasy in the presence of those, who reminds us of our infirmity.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
The popularity of the most successful writers operates to wean us from them, by the cant and fuss that is made about them, by hearing their names everlastingly repeated, and by the number of ignorant and indiscriminate admirers they draw after them.
William Hazlitt, The pleasure of Hating (2010)
If mankind had wished for what is right, they might have it long time ago.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
L’optimisme protestant est lié à un sentiment d’intégration et de participation à la société beaucoup plus élevé que dans l’Europe catholique.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
Les jeunes Français sont également les plus nombreux de tous les Européens à déclarer qu’il est important pour eux d’être à la hauteur des attentes des autres et de ne pas trop se faire remarquer, comme s’ils étaient convaincus d’avoir à se plier avant tout à une norme sociale.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
L’amour parental semble comme conditionné à l’obtention de bonnes notes, ce qui met l’enfant dans une insécurité affective profonde.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
Les adolescents et même les préadolescents jouissent d’une liberté de plus en plus grande et de plus en plus précoce dans la gestion de leurs déplacements et de leurs relations amicales. Ils s’éloignent donc plus tôt et plus radicalement de l’influence des parents. […] Tout le capital amical qu’ils sont parvenus à construire indépendamment du foyer est alors incarné dans les outils, comme une attestion de l’autonomie relationnelle nouvellement acquise.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
On choisissait d’abord une activité à travers laquelle on pouvait espérer se faire des amis. Maintenant la relation est inversée : on choisit d’abord des amis et les activités ne sont que le support, pas toujours nécessaire d’ailleurs, de la relation.
Olivier Galland, Les jeunes français ont-ils raison d’avoir peur~? (2010)
Si l’école veut susciter l’adhésion des jeunes, l’autorité qu’elle exerce doit reposer sur une légitimité plus vaste qu’une simple justification formelle et statutaire.
Judd Apatow, Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5 (2010)
He rarely uses the words project or idea, grealty preferring the term problem.
Judd Apatow, Interview by Joel Stein, Time Vol. 174, No. 5 (2010)
I stopped writing in a diary because it became so repetitive.
Paul Blairog, Mythes et paradoxes de l’histoire économique (2010)
L’un des problèmes est que le PNB inclut les coûts externes négatifs du développement économique. Par exemple, l’aggravation des embouteillages urbains a un effet positif sur le PNB en augmentant la consommation de carburant et les dépenses de santé induites par une pollution accrue.
Paul Blairog, Mythes et paradoxes de l’histoire économique (2010)
1846-1860. La progression ininterrompue de l’économie britannique fournissait un argument de poids aux partisans du libre-échange : le pays le plus développé était devenu le plus libéral, ce qui permettait d’attribuer la réussite économique au système du libre-échange, alors que le lien de causalité était précisément inverse.
Winston Churchill, Discours de guerre (1938/10/05) (2010)
I am sure it is much better to say exactly what we think about public affairs, and this is certainly not the time when it’s worth anyone’s while to court political popularity.
Winston Churchill, Discours de guerre (1940/06/18) (2010)
Let each man search his conscience and search his speeches. I frequently search mine.
Sarah Kane, 4.48 Psychose (2010)
Je me suis trouvée si déprimée par le fait d’être mortelle que j’ai décidé de me suicider. […] Je me suis résignée à la mort cette année.
Sarah Kane, 4.48 Psychose (2010)
— Avez-vous des projets ?
— Prendre tous les cachets et m’ouvrir les veines, et me pendre.
— Tout ça en même temps ?
— On ne risque pas trop de croire que c’est un appel à l’aide.
Sarah Kane, 4.48 Psychose (2010)
Je n’ai jamais eu de problème dans ma vie pour donner aux autres ce qu’ils veulent. Mais personne n’a jamais été capable d’en faire autant.
Sarah Kane, 4.48 Psychose (2010)
— Et d’après vous vous n’êtes pas malade ?
— Non.
— D’après moi si. Ce n’est pas votre faute.
… …, … (2010)
Le propre d’une citation est de lui faire dire autre chose.
Sarah Kane, L’amour de Phèdre (2010)
Il ne reviendra pas, trop occupé à ne servir à rien.
Sarah Kane, L’amour de Phèdre (2010)
La seule personne de cette famille qui ne peut revendiquer son histoire est la plus dégoulinante de loyauté.
Winston Churchill, Discours de guerre (1945/02/27) (2010)
Sombre indeed would be the fortunes of mankind if some awful schism arose between the Western democraties and the Russian Soviet Union, if the future world organisation were rent asunder, and if new cataclyms of inconceivable violence destroyed all that is left of the treasures and liberties of mankind.
Winston Churchill, Discours de guerre (1945/05/13) (2010)
I must warn you, as I did when I began this five years” task — and no one knew then that it would last so long - that there is still a lot to do, and that you must be prepared for further efforts of mind and body and further sacrifices to great causes if you are not to fall back into the rut of inertia, the confusion of aim, and the craven fear of being great. You not weaken in any way in your alert and vigilant frame of mind. Though holiday rejoicing is necessary to the human spirit, yet it must add to the strength and resilience with which every man and woman turns again to the work they have to do, and also to the outlook and watch they have to keep on public affairs.
Winston Churchill, Discours de guerre (1945/08/16) (2010)
I avow my faith in Democracy, whatever course or view it may take with individuals and parties. They may make their mistakes, and they may profit from their mistakes. Democracy is now on trial as it never was before, and in these Islands we must uphold it, as we upheld it in the dark days of 1940 and 1941, with all our hearts, with our all vigilance, and with all our enduring and inexhaustible strength. While the war was on and all the Allies were fighting for victory, the word “Democracy”, like many people, had to work overtime, but now that peace has come we must search for more precise definitions.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
Résumant un passage du livre *Les héritiers. Les étudiants et la culture de Pierre Bourdieu et Claude Paseron.*
Il était demandé à un groupe d’étudiants de définir des mots compliqués mais fictifs. Les étudiants issus des milieux populaires étaient en général volontiers disposés à admettre qu’ils ignoraient la signification du mot. Au contraire, plus l’origine sociale des parents était élevée, plus les répondants étaient prompts à définir le mot, recourant bien entendu alors aux explications les plus fantaisistes. Le facteur qui rendait compte du culot observé avait un nom : l’assurance de classe.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
Citant un article *What Price More Food ? paru dans le numéro daté du 14 juin 2008 du magazine New Scientist.*
Autre évolution, le fait que la recherche s’est de plus en plus privatisée. Les entreprises ont accordé la priorité aux types de recherches qui augmentent leurs profits, que les rendements en soient améliorés ou non. Elles développent par exemples des hybrides de maïs, mais non de blé, en raison du fait que le mécanisme de floraison du maïs se prête davantage au contrôle de nouvelle semences par le truchement de brevets.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
Qu’elle s’agisse de manière directe (quand elle s’exerce comme aujourd’hui sur les marchés à terme des matières premières) ou de manière indirecte (quand elle interdit de fait les politiques à long terme des entreprises ou celles qui visent au bien général), la spéculation représente désormais un danger mortel pour l’humanité.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
L’accusation affirme que les dirigeants de Countrywide se sont conduits de manière immroale vis-à-vis de leurs actionnaires, ce qui est indiscutable ; tandis que la défense avance que les faits qui leur sont reprochés sont banals : des comportements ordinaires dont on voit mal comment ils auraient pu être différents dans le contexte du monde des affaires, ce qui apparaît également vrai.
Le rapprochement des deux phrases semble déboucher sur la conclusion bien peu originale que « les comportements ordinaires au sein du milieu des affaires sont immoraux » ; la leçon implicite en serait qu’on s’en accomode en général fort bien en se disant que les intérêts d’une firme et ceux de ses clients sont par nécessité divergents, tout comme le sont aussi, de leur côté, ceux de leurs dirigeants, actionnaires et salariés.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
Tant que l’économie et la finance n’auront pas connu une évolution comparable à celle que constitua, pour le politique, l’avènement de la démocratie, tant qu’il n’existera pas, selon l’expression que j’utilise, un « Constitution pour l’économie », ni les comportements ordinaires ni les décisions rationnelles qui leur sont liées ne seront automatiquement moraux - et l’on devrait cesser là-dessus de feindre l’étonnement.
Paul Jorion, La crise, Des subprimes au séisme financier planétaire (2010)
La description scientifique de l’économie et de la finance met en évidence le mécanisme de ces rapports de forces et souligne l’arbitraire qui préside au fait qu’ils bénéficient à certains individus plutôt qu’à d’autres. Il n’est dès lors pas surprenant que ces bénéficiaires entreprennent une promotion systématique des théories de ces deux champs qui les représentent comme déterminés par d’autres principes que les simples rapports de forces entre parties impliquées.
Jean Giraudoux, La folle de Chaillot (2010)
[Le coulissier]
Primo l’émission. Le titre est émis au pair, cent égal cent. Je fixe l’action d’actionnaire à cent dix, taux de l’action obligationnaire, ce qui me donne le droit de la revendre à cent douze, de sorte que sa quotation s’établit après flottement provoqué à 91 1/5… Légère rumeur de guerre lancée par mes agents. D’où émotion dans la clientèle. D’où rachat par nous.
[…]
Pour l’obligation, - tenez-vous bien -, méthode inverse. J’assure la hausse normale par la baisse temporaire. Je rends négociable au porteur le titre nominatif incessible par la prolongation du délai imprescriptible et l’annonce de la répartition fictive du dividende réel. D’où panique chez les souscripteurs. Deux suicides, dont l’un de général. D’où rachat massif par notre société… Légère rumeur de paix… D’où rachat enthousiaste par ceux des souscripteurs que ma première opération n’a pas complètement ruinés.
[…]
Le placement ? J’en arrive à mon triomphe. Par l’inspecteur des finances titulaire, chargé de la direction des grands travaux, je souscris pour investissement et reporte sur la caisse des colzas l’assurance ouvrière prévue pour les barrages du Massif Central. Le complètement, réservé à la petite épargne, est versé intégralement à la Société Générale et au Crédit Lyonnais, qui nous ristournent au dixième le centième autorisé. Reste la réserve immobile, qu’il nous serait permis de classer sous la rubrique Fonds courants, mais que gréverait ainsi l’impôt sur le capital revenu…
[Le président]
Evidemment. C’est là l’écueil.
[Le coulissier]
Ecueil blanchi d’un bond. Par l’inspecteur des finances en mission permanente auprès du comité provisoire des Textiles, je convertis en lignite la réserve admise pour le coton, comme le prévoit, pour les matières brutes, le paragraphe onze des tissus ouvragés ! …
[…]
D’où l’attaque d’apoplexie de notre ennemi de la rue Feydeau en pleine bourse. D’où au marché tenue expectante. D’où rachat global l’Union ! D’où ruée des souscripteurs provinciaux, alertés par l’agence. Nous en sommes là, cher Président. Ntre journée se clôt par l’absorption totale des titres… On se bat aux portes de nos bureaux de la rue de Valmy et de l’avenue de Verdun !
Jean Giraudoux, La folle de Chaillot (2010)
Ils engagent des sourds-muets pour n’être pas trahis… Ils l’ont mis à la porte, sans doute quand ils ont vu qu’il n’était pas aveugle…
Jean Giraudoux, La folle de Chaillot (2010)
Vous êtes discourtoise, Constance.
Nanae Haruno, Papa told me (2010)
On veut une robe rouge, mais impossible d’en trouver une. Tout ce qu’on obtient, ce sont des robes jaunes. Alors on porte une robe jaune. C’est ça. On se persuade que ce qu’on voulait depuis toujours, c’était une robe jaune. Et on se dit que tout est bien ainsi. C’est sûrement une faculté à laquelle notre insinct fait appel pour nous protéger afin de réduire au maximum les blessures de notre égo.
C’est sans doute inévitable… Tout le monde passe par ce genre d’épreuves. Si tout le monde prend la fuite, que deviendra la robe rouge ? Celui qui a conseillé la robe rouge n’a-t-il pas sa part de responsabilité ?
Nanae Haruno, Papa told me (2010)
L’homme à la tête aux nouiles.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Le problème est que la plupart des transparents projetés dans les innombrables réunions sont illisibles. Les caractères imprimés sur la feuille transparente sont trop petits. Ils sont certes agrandis sur l’écran mais leur taille n’est pas suffisante pour qu’ils soient lus par des participants placés à plusieurs mètres de l’écran. Il m’est même arrivé à plusieurs reprises d’assister à des réunions où l’orateur lui-même ne parvenait pas à lire le texte qu’il projetait sur l’écran. J’ai souvent entendu l’orateur déclarer : « Je sais que vous ne pouvez pas lire les transparents mais je vais vous dire ce qu’il y a dedans. »
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Pour les Amish, la modernité est à bannir car elle détourne de Dieu. Dans cette modernité, l’automobile est l’instrument le plus rejeté. […] Trois groupes Amish de l’Ohio, ceux des affiliations Swartzentruber, Andy Weaver et Old Order, ont résolu la difficulté en autorisant l’usage du tracteur mais privé de ses pneumatiques. Ainsi le tracteur ne peut pas être utilisé sur les routes goudronnées par la jeunesse amish.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
A propos de l’échec de la navette Challenger
Il faut souligner que les ingénieurs et les managers ont été victimes d’erreurs cognitives, mais que chaque groupe a reproché à l’autre de ne pas avoir une démarche scientifique.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Dans certains cas, comprendre, c’est comprendre qu’il ne faut pas chercher à comprendre et qu’il faut agir.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
On tend à accorder peu d’importance au travail pédagogique. On néglige la propension des destinataires à ne pas s’intéresser aux messages, à ne pas les comprendre et à les oublier, à ne pas se les approprier.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Si un vent d’orage est annoncé (vent très violent de direction surprenante pouvant projeter au sol un jet puissant à l’atterrissage ou au décollage) sur une demi- douzaine d’aéroports petits ou grands de la zone contrôlée, l’interaction technique se substitue aux mécanismes hiérarchiques et à l’exécution stricte des procédures standards. Le contrôleur le plus expérimenté prend de fait la direction des opérations (bien qu’il existe un chef d’équipe). […] Puis, une fois le pic de demande passé, les relations hiérarchiques normales et les règles standardisées reprennent le devant de la scène.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
En fait sur un nombre important de questions, les acteurs considèrent que ce sont des sujets sur lesquels ils sont capables d’agir sans experts. Ils croient en savoir suffisamment.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
On peut constater, dans une organisation, une erreur profonde et ne disposer d’aucune voie pour la corriger : la question ne relève pas de l’avis d’experts, les argumens techniques sont de toute façon intraduisible, et il est impossible de s’immiscer. Cette étanchéité contribue grandement à la persistance des erreurs collectives.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Le silence observé par les personnes en désaccord avec la décision à laquelle elles participent est un phénomène rarement évoqué et pourtant fréquent. Ce silence est un facteur majeur de décisions absurdes. […] On ne sent pas autorisé à parler si on ne dispose pas d’une connaissance complète d’un problème. […] Ils se sont censurés eux-mêmes pour préserver la cohésion du groupe.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
Le principe des organisations est que la tonalité des échanges doit être impersonnelles.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
La tendance naturelle de l’être humain est de combler une situation avec des solutions.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
On sauve la face de bien des décisions absurdes en leur collant une valeur respectée : le travail bien fait, le courage, la qualité, la créativité, la prouesse.
Christian Morel, Les décisions absurdes (2010)
La solution était absurde, mais c’est la solution qui a fait l’unanimité. Elle a apaisé les contestataires, satisfait les partisans et uni tout le monde dans le plaisir du passage à l’action.
… …, … (2010)
J’adore ce monde car je peux le fuir.
… …, … (2010)
Je ne retiens pas les faits eux-mêmes, je retiens les émotions qui s’y rattachent.
Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites (2010)
Il est moins difficile d’être ami que d’être père.
Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites (2010)
L’habitude finit par détacher de tout. Mais à quoi bon, pour une religieuse, être détachée de tout, si elle n’est pas détachée de soi-même, c’est-à-dire de son propre détachement.
Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites (2010)
Chacun se fait de Dieu l’image qu’il peut.
Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites (2010)
Mes petites filles, il est possible qu’à votre âge l’obéissance semble encore un oreiller moelleux où l’on n’a qu’à laisser reposer sa tête.
… …, perle (2010)
Ceux qui ne sont pas d’accord avec moi ont le droit d’avoir tort.
Tom Sharpe, Le bâtard récalcitrant (2010)
— Ce qui revient à supposer que Dieu existe.
— Pas du tout. La foi est une chose, la connaissance en est une autre. Ce serait trop facile sinon.
Didier Lett, Frères et soeurs (2010)
Vincent Van Gogh est né le 30 mars 1853, un an jour pour jour après la naissance et la mort de son frère aîné qui s’appelait… Vincent. Viennent ensuite six frères et soe urs, dont Théodorus, né juste après lui le 1$^text*er*$ mai 1857. […] Vincent Van Gogh a été conçu trois mois après le décès de son frère dans une période deuil parental. Fils d’un pasteur de Groot-Zundert, chaque dimanche, enfant, il passe devant la tombe de son aîné, Vincent. C’est avec son frère puîné, Théo, qu’il entretient une relation particulièrement étroite faite d’une profonde affection mais aussi d’une forte dépendance, car Théo est marchand de tableaux et verse à Vincent une pension mensuelle en échange de quoi il est le propriétaire des toiles de son frère. Les relations avec Théo son houleuses. A l’annonce du mariage de Théo, il se tranche l’oreille. Quelque temps après, le 31 janvier 1890, Théo et son épouse, Johanna, ont un enfant qu’ils appellent… Vincent. Von Gogh aurait voulu qu’il s’appelle comme leur père le pasteur, Théo. Les jeunes parents demandent à Vincent d’être le parrain. Déjà enfant de remplacement, Vincent Van Gogh se voit comme remplacé par un autre Vincent. Six mois après la naissance du petit Vincent, l’artiste se suicide. Son frère Théo qui, d’une certaine manière a vécu à travers l’art de son frère meurt six mois après et se fait inhumer à ses côtés.
Didier Lett, Frères et soeurs (2010)
On remarque aujourd’hui encore, en France, que l’aîné poursuit ses études plus longtemps que les autres et obtient davantage de diplômes. Cette constatation se vérifie autant pour les filles que pour les garçons.
Didier Lett, Frères et soeurs (2010)
Néanmoins cette mort [du dernier parent] reste un moment crucial où se rejouent jalousies, frustrations et compétitions. Un bien qu’on se dispute possède parfois une valeur plus symbolique que matérielle, car il rappelle le passé d’enfant ou parce que sa possession est perçue comme un moyen de prendre sa revanche sur un frère ou une soeur considéré comme ayant été davantage aimé.
Philippe Lechermeier, Rebecca Dautremer, journal secret du Petit Poucet (2010)
Autrement, moi je donne les idées à Bertrand qui les transmets) Barnabé parce que c’est le plus âgé et qu’il sait, avec sa grosse voix, transformer en ordres les idées.
Nicolas Chevassus-au-Louis, Un glaçon dans mon whisky, quand la technologie dérape (2010)
Il est même un domaine de la politique où la notion de coût économique ne joue plus aucun rôle : c’est celui de la guerre. […] On aura noté que la mondialisation de l’information à laquelle on assiste depuis les années 90 repose sur des technologies développées pour des raisons militaires durant la guerre froide.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
Etant parvenus à établir une économie qui leur avait permis de survivre sur de nombreuses générations, ils en conclurent que des changements dans cette économie seraient bien plus susceptibles d’entraîner des catastrophes que de leur apporter des améliorations.
… …, … (2010)
L’américain est situé le plus haut dans la chaîne alimentaire.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
Mais ces innovations étaient susceptibles de menacer le pouvoir, le prestige et les intérêts étroits des chefs.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
Les petits villages de quelques centaines d’habitants peuvent survivre à une sécheresse de cinq années, comme il en arrive souvent sous le climat imprévisible d’Australie, parce que le village n’a guère d’activité économique. Les villes importantes peuvent survivre à cinq ans de sécheresse, parce que leur économie est intégrée à un vaste réseau hydrographique. Mais une sécheresse de cinq ans fait disparaître les villes moyennes.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
Je préfère souligner que, tout au long de l’histoire, dans toutes les sociétés humaines politiquement complexes au sein desquelles des individus ont eu des relations avec d’autres sans lien de famille ni relations de clan, la régulation gouvernementale est précisément apparue parce qu’on l’a estimée indispensable pour faire respecter les principes moraux. L’invocation de principes moraux est une première étape nécessaire pour déclencher le comportement vertueux, mais elle n’est pas suffisante.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
Les riches ne garantissent pas leurs intérêts et ceux de leurs enfants s’ils règnent sur une société en voie d’effondrement, ils s’achètent le privilège d’être les derniers à mourir de faim.
Jared Diamond, Effondrement (2010)
[A propos des Pays-Bas] Les riches ne vivent pas en sécurité en haut des digues tandis que les pauvres se trouvent au fond, sous le niveau des mers. Si les digues et les pompes ne marchent, nous serons tous noyés. […] Voilà pourquoi les Hollandais ont une telle conscience de l’environnement. Notre historie nous a appris que nous vivons tous dans le même polder et que notre survie dépend de celle des autres.
Takashi Haraide, Le chat qui venait du ciel (2010)
J’aurais dû comprendre que du point de vue de cette femme, lui avoir brusquement dévoilé, à un moment donné où elle se trouvait plongée dans la tristesse d’avoir perdu un petit être qui était pour elle presque comme un enfant, une partie de la vie de cet « enfant » qui lui était inconnue, l’empêchait de consentir à être témoin des larmes de l’autre « mère ».
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
Voir le sexe de ma mère, ça m’a fait un choc. Aucun corps n’existait moins pour moi - n’existait davantage. Enfant, je l’avais chérie ; adolescente, il m’avait inspiré une répulsion inquiète ; c’est classique ; et je trouvai normal qu’il eût conservé ce double caractère répugnant et sacré : un tabou.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
Elle était entraînée à fuir les vérités gênantes.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
« Moi du moins, je n’ai jamais été égoïste, j’ai vécu pour les autres » m’a-t-elle dit plus tard. Oui ; mais aussi par eux. Possessive, dominatrice, elle aurait voulu nous tenir tout entières dans le creux de sa main.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
Elle ne pouvait parler de ses difficultés à personne, pas même à soi. On ne l’avait habitué ni à voir clair en elle, ni à user de son propre jugement. Il lui fallait d’abriter derrière des autorités : mais celle qu’elle respectait ne s’accordaient pas.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
Sa maladie avait fracassé la carapace de ses préjugés et de ses prétentions : peut-être parce qu’elle n’avait plus besoin de ces défences.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
J’avais toujours un peu intimidé maman à cause de l’estime intellectuelle où elle me tenait et qu’elle avait délibérément refusée à sa fille cadette.
Simone de Beauvoir, Une mort très douce (2010)
Les parents ne comprennent pas leurs enfants, mais c’est réciproque…
Haruki Murakami, L’éléphant s’évapore (2010)
Pour finir, j’ai décidé de ne pas vous répondre. Après tout, il vaut mieux ne rien écrire du tout qu’écrire une lettre imparfaite. Un message imparfait, c’est comme un horaire de train bourré d’erreurs.
Haruki Murakami, L’éléphant s’évapore (2010)
J’aimais mon fils, il n’y avait pas le moidre doute. Mais j’avais le pressentiment que dans le futur je ne l’aimerais plus aussi intensément. C’est pensée n’était pas très maternelle. Sans doute les mères normales ne pensaient pas cela. Mais je le savais : le jour viendrait où je mépriserais mon fils.
Haruki Murakami, L’éléphant s’évapore (2010)
Et c’était d’ailleurs cette simplicité innocente et naturelle qui attirait une certaine sorte d’hommes vers elle. Des hommes qui avaient à peine posé les yeux sur cette simplicité qu’ils se mettaient aussitôt à y appliquer des émotions complexes qui en fait n’appartenaient qu’à eux.
J.M. Coetzee, En attendant les barbares (2010)
Le spectacle de la cruauté corrompt le coeur des innocents.
J.M. Coetzee, En attendant les barbares (2010)
Je n’étais pas l’inverse du colonel, aussi complaisant et bon vivant qu’il était froid et rigide. J’étais le mensonge que l’Empire se raconte quand les temps sont favorables, et lui la vérité que l’Empire proclame quand soufflent les vents mauvais. Deux faces du pouvoir impérial, rien de plus, rien de moins.
Helen (de) Witt, Le dernier samouraï (2010)
Les gens font parfois une plaisanterie abominable sur les fondamentalistes chrétiens, ils disent que si vous pensez que la Bible est littéralement la parole de Dieu et que la parole de Dieu est plus importante que quoi que ce soit d’autre, coment pouvez-vous ne pas apprendre les langues de Dieu a choisies pour le texte original, eh bien, si on pense qu’il existe un Créateur et si on pense que c’est important, on n’a qu’à regarder autour de soi pour voir la langue dans laquelle il parle. Il pense mathématiquement depuis des milliards d’années.
Helen (de) Witt, Le dernier samouraï (2010)
Vous pourriez dire cela de n’importe quelle femme. Ce sont des créatures changeantes, en forme une minute, déprimées la suivantes - c’est ce qui les rend si exaspérantes et délicieuses à la fois.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
La diversité des cultures humaines ne doit pas nous inviter à une observation mercelante ou morcelée. Elle est moins fonction de l’isolement des groupes que des relations qui les unissent.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Dans les grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée i leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Ainsi le préambule à la seconde déclaration de l’Unesco sur le problème des races remarques judicieusement que ce qui convainc l’homme de la rue que les races existent, c’est l“« évidence immédiate de ses sens quand il aperçoit ensemble un Africain, un Européen, un Asiatique et un Indien américain ».
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Pris entre la double tentation de condamner des expériences qui le heurtent affectivement, et de nier des différences qu’il ne comprend pas intellectuellement, l’homme moderne s’est livré à cent spéculations philosophiques et sociologiques pour établir de vains compromis entre ses pôles contradictoires, et rendre compte de la diversité des cultures tout en cherchant à supprimer ce qu’elle conserve pour lui de scandaleux et de choquant.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Les sociétés que nous appelons primitives ne sont pas moins riches en Pasteur et en Palissy que les autres.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
Quand nous sommes intéressés à un certain type de progrès, nous en réservons le mérite aux cultures qui le réalisent au plus haut point, et nous restons indifférents devant les autres. Ainsi le progrès n’est jamais que le maximum de progrès dans un sens prédéterminé par le goût de chacun.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
La civilisation mondiale ne saurait être chose que la coalition, à l’échelle mondiale, de cultures préservant chacune son orginalité.
Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (2010)
La tolérance n’est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou à ce qui est. C’est une attitude dynamique qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants) est qu’elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres.
… …, … (2010)
J’ai depuis longtemps perdu foi. Je n’ai que la raison pour endurer la vie. Et c’est usant.
Martin Winckler, Le Choeur des femmes (2010)
En Angleterre, on examine depuis très longtemps les patientes dans cette position. Dans le temps, on parlait de la « posture anglaise ». [décubitus latéral gauche].
Martin Winckler, Le Choeur des femmes (2010)
Ce type me branle le cerveau.
Martin Winckler, Le Choeur des femmes (2010)
Un secret, c’est un symbole, pas un instrument. S’en servir, c’est s’exposer à manipuler ou à se faire manipuler.
Martin Winckler, Le Choeur des femmes (2010)
Quand on pose des questions, on obtient que des réponses.
Pierre Péju, La diagonale du vide (2010)
Il souhaitait revoir la France en traversant tout le pays en diagonale, du sud-ouest au nord-est. […] Il paraît que cette bande, très peu peuplée, plutôt sauvage, large de quelques dizaines de kilomètres, les géographes l’appellent la Diagonale du vide.
Pierre Péju, La diagonale du vide (2010)
Des choses ont été dites. La vérité. Pas toute, parce que entière la vérité est dure et coupante.
Toni Morrison, Sula (2010)
Etre bon envers quelqu’un, c’est pareil que d’être méchant. Risqué. Ca ne rapporte rien.
Agnès (de) Lestrade, La vie sans moi (2010)
— Je te fécilité Ange. Ton dessin est magnifique ! dit Maman
— Je sais Maman. Tu me fais souvent licite.
Agnès (de) Lestrade, La vie sans moi (2010)
Je lui dirais que la vie, même sans toi, continue. Parce que la vie sans toi, ce n’est pas la vie sans moi.
Marie Desplechin, Jamais contente (2010)
Un homme qui n’a pas de femme ne perd pas son temps à s’occuper d’elle. Il peut se consacrer à ses enfants, c’est mathématique.
Marie Desplechin, Jamais contente (2010)
— Tu n’es pas obligée de le voir tous les jours.
— Tant mieux. C’est plus facile d’aimer quelqu’un quand on peut penser à lui tranquillement.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Presque tous les enfants résilients ont eu à répondre à deux questions. « Pourquoi dois-je tant souffrir ? » les a poussés à intellectualiser. « Comment vais-je faire pour être heureux quand même ? » les a invité à rêver.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Trop souvent, la culture, qui devrait les [les blessés de l’âme] protéger, les agresse au nom de la morale.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Depuis 1964, c’est l’amour qui justifie la formation du couple et non plus la contrainte sociale. Les enfants issus de ces nouveaux couples ont aujourd’hui plus de vingt ans. Ils se sont développés à l’intérieur d’un couple fusionnel qui privilégiait le bonheur de chaque personne plus que le respect de la tradition.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
C’est difficile quand on a six ans d’être condamné à mort. Lorsqu’un enfant l’accepte, il manifeste des conduites de résignation qui prennent curieusement l’apparence d’une prise de risque : il traverse la rue sans aucune précaution, perdu dans sa brume intérieure, il plonge volontairement dans des rivières à tourbillon, il tente des escalades au- dessus de ses moyens. Pour lui, se laisser aller à la mort acquiert un effettranquillisant. […] Les enfants carencés se mettent à l’épreuve dans l’intimité, ils n’ont pas besoin de témoins mais le côtoiement de la mort leur permet de signifier : « Si elle gagne, c’est normal. Mais si je survis, c’est que je suis plus fort qu’elle. » Alors ces petits résignés éprouvent une étonnante sérennité.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Un sentiment d’appartenance est bien moins exaltant quand la culpabilité nous empêche de rire de l’autre, de l’écraser ou de l’éliminer.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
L’ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge mais le mythe.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Les enfants porteurs de secrets manifestent souvent un comportement étrange, comme une négatif bizarre : ils ne posent jamais de questions. Cette retenue est difficile à observer puisqu’il s’agit d’un non-comportement. Ce qui n’empêche qu’un enfant réservé impressionne son entourage.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Le pouvoir tranquillisant de l’effet-parole dépend fortement de l’empathie de celui qui écoute. Par son attitude affective et par la représentation sociale qu’il incarne, il donne au blessé la possibilité d’exprimer sa souffrance.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
La naissance de l’image lutte contre le désespoir de la perte définitive, la mort. C’est pourquoi les premières formes d’art ont été des sépultures, comme plus tard les tableaux représenteront des mises au tombeau et des résurrections.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Dès qu’on force une victime à livrer un secret, elle le subit encore plus. Pour son entourage, la personne agressée sera désormais caractérisée par son drame qui deviendra l’explication de toute sa personnalité et même de son histoire.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
On ne sait pas vraiment ce qui fait souffrir un enfant. L’absence d’événements dans un milieu trop protégé crée une situation de confinement affectif qui rend vulnérable à toute nouveauté.
Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur (2010)
Presque tous les enfants résilients, heureux malgré tout dans un monde de glace, de désolation et de faim, ont tenu le coup grâce à l’étonnant pouvoir réchauffant de la rêverie. Ces moments de bonheur, coupés de la réalité du monde environnant, mettent en images un même type de scénario : l’enfant, seul, isolé du monde des adultes haineux, découvre une cachette merveilleuse, un morceau de paradis affectif.
Henning Mankell, L’homme qui souriait (2010)
— C’est vrai que j’en ai peint un sacré paquet, depuis tout ce temps. [des tableaux]
— Combien ?
[…]
— Je ne préfère pas y penser. Ce serait comme d’inviter la mort chez moi.
… …, … (2010)
Chez une femme, la femme n’est jamais très loin. Même en pantalon.
Milan Kundera, L’Ignorance (2010)
La malade souffre d’une insuffisance de nostalgie.
Milan Kundera, L’Ignorance (2010)
Elle n’a jamais choisi aucun homme. C’est toujours elle qui a été choisie.
… …, … (2010)
D’après Darwin, le mutant d’aujourd’hui est le mouton de demain. D’après Ionesco, l’inverse est vrai aussi.
Florence Aubenas, Le quai de Ouistreham (2010)
On convoque une catégorie de chômeurs, cadres, RMistes, peu importe. Une partie ne viendra pas, et sans justificatifs, c’est statistique. Ils seront radiés. « Ce n’est pas grave », avait tempéré le conseiller. Ils peuvent se réinscrire après, s’ils veulent, mais cela permet de faire chuter les chiffres, même pour quelques jours.
Susie Morgenstern, Le fiancé de la maîtresse (2010)
Je cherche pour trouver ou je cherche pour chercher. J’aime ça.
Jean Molla, Amour en cage (2010)
Je devinais que j’étais l’enjeu de tractations serrées et que l’amour que mes parents me portaient les incitait à se haïr avec persévérance.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Mais il faut choisir : vivre ou raconter.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Ce sentiment d’aventure ne vient décidément pas des événements : la preuve est faite. C’est plutôt la façon dont les instants s’enchaînent.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Quand on veut comprendre une chose, on se place en face d’elle, tout seul, sans secours ; tout le passé du monde ne pourrait servir de rien. Et puis elle disparaît et ce qu’on a compris disparaît avec elle.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Cet homme avait la simplicité d’une idée. Il ne restait plus en lui que des os, des chairs mortes et le Droit Pur. […] Il avait consacré sa vie à penser son Droit : rien d’autre. […] Sans doute, à son lit de mort, à cette heure où l’on est convenu, depuis Socrate, de prononcer quelques paroles élevées, avait-il dit à sa femme, comme un de mes oncles à la sienne, qui l’avait douze nuits : « Toi, Thérèse, je ne te remercie pas ; tu n’as fait que ton devoir. » Quand un homme en arrive là, il faut lui tirer son chapeau.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Mardi.
Rien. Existé.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Ils sont jeunes et bien bâtis, ils ont encore pour une trentaine d’année. Alors ils ne se pressent pas, ils s’attardent et ils n’ont pas tort. Quand ils auront couché ensemble, il faudra qu’ils trouvent autre chose pour voiler l’énorme absurdité de leur existence.
Jean-Paul Sartre, La nausée (2010)
Ils ont chacun leur petit entêtement personnel qui les empêche de s’apercevoir qu’ils existent ; il n’en est pas un qui ne se croie pas indispensable à quelqu’un ou à quelque chose.
Aurélien Boutaud, Natacha Gondran, L’empreinte écologique (2010)
[L’empreinte écologique] Il s’agit d’un idicateur synthétique qui représente la quantité de capacité regénérative de la biosphère nécessaire au fonctionnement de l’éconosphère pendant une année donnée, en termes de superficie correspondante de sols, ou d’espaces aquatiques biologiquement productive devant être mobilisée pour répondre à cette demande sans entamer le capital naturel - en utilisant les technologies et les méthodes de production et de gestion des ressources en vigueur durant l’année en question.
Les différentes surfaces bioproductives peuvent être exprimées sous la forme d’une surface de productivité moyenne, l’hectare global.
Aurélien Boutaud, Natacha Gondran, L’empreinte écologique (2010)
Cela revient à dire que l’empreinte écologique est attribuée au consommateur d’un bien ou d’un service, quel que soit l’endroit de production de ce bien ou de ce service.
Annie Roux, Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse (2010)
L’angoisse occupait une fonction de décharge économique qui venait sidérer la pensée, en entrenant un rapport intime avec l’excitation.
Annie Roux, Libres cahiers pour la psychanalyse, l’angoisse (2010)
Le symptôme est une formidable trouvaille qui évite la désorganisation, il offre ainsi le maximum de résistance à sa dissolution : c’est en le décomposant qu’il livre sa part d’angoisse.
… …, … (2010)
J’enseigne pour réveiller l’élève que j’étais alors.
… …, … (2010)
Le roi était perdu dans ses portraits.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) (2010)
Et quand l’orateur ne jugeait pas suffisante l’exaltation de l’auditoire, il avait recours à la bête noire, au bouc émissaire, au juif.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) (2010)
Il se frappa la poitrine. Aussitôt, il y eut comme une déclic dans toute sa personne. Le visage s’anima, le petit nez se dressa plus orgueilleusement, et la petite bouche fut crispée de passion. Adolf Hitler commençait à avoir du talent : il parlait de lui.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) (2010)
Adolf Hitler se croyait un si grand homme qu’il en avait persuadé ses auditeurs. Dans l’Allemagne enfiévrée où j’avais déjà vu tant de signes de dérèglement, celui-là était le plus profond, car il voisinait avec la démence.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) (2010)
Quand les voleurs ont faim, c’est qu’un pays va vraiment mal.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1932) (2010)
Un soyeux est ruiné par un concurrent israëlite : il va chez Hitler. Un haut fonctionnaire n’a pas l’avancement qu’il désirait à cause d’un rival républicain : il va chez Hitler. Un petit employé voit son traitement diminué : il va chez Hitler.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) (2010)
Dans les affaires la faillite. Je plaçais des produits de beauté. Nous avons tenu plus longtemps que beaucoup. Une femme préfère se passer de nourriture que de rouge à lèvres.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) (2010)
Un enfant de six ans avait acheté, au sommet de la tour [l’Empire State Building], beaucoup de souvenirs.
— Tu as dépensé toutes tes économies, remarqua le père.
— Cela vaut mieux que de les porter à Wall Street, répondit le petit garçon avec le plus grand sérieux.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) (2010)
Et pourtant, un fait singulier s’impose peu à peu qui, dans on étrangeté, force l’admiration : les Américains ne sont pas convaincus par l’épreuve. Elle les attaque de toutes parts, jette à la rue des millions d’hommes, glace et affame des familles qui n’avaient jamais connu le besoin. Matériellement, ils cèdent chaque jour du terrain, passent de la prodigalité de l’économie, de l’économie à la gêne, aux vêtements usagés, aux repas mésurés. Mais les ressources sprirutelles restent intactes. La force intérieure, l’énergie vitale ne sont pas entamées. Et l’appétit, l’avidité de faire plus grand sont toujours là.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1933) (2010)
Roosevelt ne faisait aucune promesse, ne ménageait personne, mais ses mesures il les expliquait toujours avec une simplicité, un accent direct et franc qui emportaient l’adhésion. Il tenait compte de l’opinion publique, cet élément indéfinissable et qui, aux Etats-Unis surtout, possède une puissance décisive. Et cette opinion, par un choc en retour, le soutenait, l’imposait à ceux-là mêmes qui toujours ont cherché à la brider, anémier et rompre un tempérament vigoureux, c’est-à-dire aux membres du Congrès, aux puissantes associations publiques.
Dans ce duel, que les circonstances rendaient tragiques, M. Roosevelt, jusque-là avait triomphé. Il avait réussi à réduire d’un seul coup les pensions des combattants de moitié et à économiser ainsi dix milliards. Il avait traqué les banquiers. Il avait vaincu les « secs ». Il avait coupé les salaires des fonctionnaires. Il augmentait les taxes, les impôts.
Une seule de ces mesures eût suffi à briser la popularité d’un autre homme. La sienne en était sorti renforcée, plus dense et plus sûre. Et ses victimes elles- mêmes n’osaient pas se plaindre, tellement le pays sentait que Roosevelt agissait pour son bien.
Joseph Kessel, Les jours de l’aventure, Reportages 1930-1936 (1934) (2010)
Et, en vérité, ce n’est pas pour la Catalogne que j’aurais voulu mourir, mais pour que ma maison soit un libre royaume.
— Mais c’est le rêve des anarchistes, dis- je.
— Non, des humanitaires.
… …, … (2010)
On aimerait tous se dire qu’on a fait quelque chose d’utile, qu’on a participé à un rêve qui nous dépassait. Mais bien souvent, on a d’autre choix que de croire en soi-même et de transmettre ce petit bout de certitude à nos enfants.
… …, … (2010)
Je n’ai qu’une certitude : il faut douter.
Elisabeth Badinter, L’infant de Parme (2010)
D’abord, il [Condillac] instaure une nouvelle relation entre le maître et l’élève : la coopération se substitue à l’autorité. Avant tout : se mettre à la portée de l’enfant et procéder par étapes, dans le respect de ses rythmes à lui. C’est le maître qui doit s’adapter à l’élève, et non l’inverse.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Ces rapprochements ne font qu’illuster […] l’analogie très profonde que, partout dans le monde, la pensée humaine semble concevoir entre l’acte de copuler et celui de manger, à tel point, qu’un très grand nombre de langues les désignent par le même mot.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Les systèmes de classification peuvent être inégalement situés par rapport à l’arbitraire et à la motivation sans que cette dernière cese d’y être opérante, le caractère dichotomique que nous leur avons reconnu explique comment les aspects arbitraires […] viennent se greffer, sans les dénaturer, sur les aspects rationnels. Nous avons représenté les systèmes de classification comme des « arbres » ; la croissance d’un arbre illustre bien la transformation qui vient d’être évoquée. Dans ses parties inférieures, un arbre est, si l’on peut dire, puissamment motivé : il faut qu’il ait un tronc, et que celui-ci tende à la verticale. Les basses branches comportent déjà plus d’arbitraire : leur nombre, bien qu’on puisse le prévoir restreint, n’est pas fixé d’avance, non plus que l’orientation de chacune et son angle de divergence par rapport au tronc ; mais ces aspects demeurent tout de même liés par des relations réciproques, puisque les grosses branches, compte tenu de leur propre poids et des autres branches chargées de feuillage qu’elles supportent, doivent équilibrer les forces qu’elles appliquent sur un point commun d’appui. Mais, au fur et à mesure que l’attention se déplace vers des étages plus élevés, la part de la motivation s’affaiblit, et celle de l’arbitraire augmente : il n’est plus au pouvoir des branches terminales de compromettre la stabilité de l’arbre, ni de changer sa forme caractéristique. Leur multiplicité et leur insignifiance les ont affranchies des contraintes initiales, et leur distribution générale peut s’expliquer indifféremment par une série de répétitions, à échelle de plus en plus réduite, d’un plan qui est aussi inscrit dans les gènes de leur cellules, ou comme le résultat de fluctuations statistiques. Intelligible au départ, la structure atteint en se ramifiant, une sorte d’inertie ou d’indifférence logique. Sans contredire à sa nature première, elle peut désormais subir l’effet d’incidents multiples et variés, qui surviennent trop tard pour empêcher un observateur attentif de l’identifier et de la classer dans un genre.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Chez les Yurok de Californie, un enfant peut demeurer sans nom pendant six ou sept ans, jusqu’à ce qu’un nom de parent devienne vacant par le décès du porteur.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
En français, le moineau est Pierrot, le perroquet Jacquot, la pie Margot, le pinson Guillaume, le troglodyte Bertrand ou Robert, le râle d’eau Géraldine, la chevêche Claude, le grand duc Hubert, le corbeau Colas, le cygne Godard…
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Il n’y a pas plus de religion sans magie, que de magie qui ne contienne un grain de religion. La notion d’une surnature n’existe que pour une humanité qui s’attribue à elle-même des pouvoirs surnaturels, et qui prête en retour, à la nature, les pouvoirs de sa superhumanité.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
La fidélité têtue à un passé conçu comme modèle intemporel, plutôt que comme une étape du devenir, ne trahit nulle carence morale ou intellectuelle : elle exprime un parti adopté consciemment ou inconsciemment répétée de chaque technique, de chaque règle, et de chaque coutume, au moyen d’un argument unique : les ancêtres nous l’ont appris.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Les archives apportent autre chose : d’une part, elles constituent l’événement dans sa contingence radicale (puisque seule l’interprétation, qui n’en fait point partie, peut le fonder en raison) ; d’autre part, elles donnent une existence physique ) l’histoire, car en elles seulement est surmontée la contradiction d’un passé révolu et d’un présent où il survit. Les archives sont l’être incarné de l’événementialité.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Le rôle de la raison dialectique est de mettre les sciences humaines en possession d’une réalité qu’elle est seule capable de leur fournir, mais que l’effort proprement scientifique consiste à décomposer, puis à recomposer suivant un autre plan.
Claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage (2010)
Le procès tout entier de la connaissance humaine assume ainsi le caractère d’un système clos.
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner, Freak Economics (2010)
The typical online dater is either a fabulist, a narcissist, or simply resistant to the meaning of « average ».
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner, Freak Economics (2010)
When hazard is high and outrage is low, people underreact, when hazard is low and outrage is high, they overreact.
Steven D. Levitt, Stephen J. Burner, Freak Economics (2010)
An overwhelming number of parents use a name to signal their own expectations of how successful their children will be.
Paul Morand, Fouquet ou le Soleil offusqué (2010)
Le Français, moins que tout autre peuple, accepte l’injustice ; il trouve intôlérable que les plateaux de la balance soient truqués et se sent atteint quand l’équité est violée ; elle le fut au procès de Fouquet, impudemment.
Henri Bergson, La Politesse (2010)
[…] il n’y a pas deux hommes qui se ressemblent ; et la diversité des caractères, des tendances, des habitudes acquises s’accentuent à mesure qu’un plus grand nombre de générations humaines se succèdent, à mesure aussi que la civilisation croissante divise davantage le travail social enferme chacun de nous dans les limites de plus en plus étroites de ce qu’on appelle un métier ou une profession.
Henri Bergson, La Politesse (2010)
L’intolérance n’est peut-être qu’une certaine inaptitude à isoler la pensée de l’action ; elle consiste à faire comparaître les idées d’autrui, non pas devant notre seule raison, mais devant les appétits et les désirs qui lui font bruyamment cortège.
Henri Bergson, La Politesse (2010)
La capitale répand le plus souvent une teinte uniforme sur ceux qui l’habitent ; les relations sociales y sont plus multipliées ; la vie pyschologique, au lieu de se concentrer sur un sentiment ou une idée, s’éparpille à l’infini ; et là même où elle est restée intense, il faut un oeil bien pénétrant pour la suivre, sous les habitudes acquises et les sentiments factices qui la recouvrent comme autant de couches superposées.
Henri Bergson, La Politesse (2010)
Ce respect de l’opinion d’autrui ne s’acquiert que par un effort continu ; et pour dompter en soi l’intolérance qui est un instinct naturel, je ne connais de plus puissant auxiliaire que la culture philosophique.
Henri Bergson, La spécialité (2010)
L’homme d’une seule occupation ressemble beaucoup à l’homme d’un seul livre : il ne saurait vous entretenir d’autre chose. S’il est philosophe, et qu’une faveur imméritée l’appelle à prendre la parole, il s’épuisera en vains efforts pour trouver un sujet de discours distrayant, se décidera pour la littérature, la quittera pour l’histoire, et aboutira enfin, après un long travail et de pénibles recherche, à une leçon de morale. […] Il n’a pas assez cultivé les autres sciences pour se rendre compte de ce qu’il a encore à apprendre et éviter, en restant modeste, qu’on se moque de lui.
Henri Bergson, La spécialité (2010)
On ne comprend pas une vérité particulière quand on n’a pas perçu les rapports qu’elle peut avoir avec les autres.
Henri Bergson, La spécialité (2010)
Il en est tout autrement dans le monde de l’intelligence. Tandis que nous n’acquérons l’habilité manuelle qu’à la condition de choisir un métier spécial et de faire contracter à nos muscles une seule habitude, au contraire, nous ne perfectionnons une de nos facultés qu’à la condition de développer toutes les autres.
Henri Bergson, Le Bon Sens et les études classiques (2010)
S’obstiner dans des habitudes qu’on érige en lois, répugner au changement, c’est laisser distraire ses yeux du mouvement qui est la condition de la vie.
Henri Bergson, Le Bon Sens et les études classiques (2010)
Je vois donc dans le bon sens, l’énergie intérieure d’une intelligence qui se reconquiert à tout moment sur elle-même, éliminant les idées faites pour laisser la place libre aux idées qui se font, et se modelant sur le réel par l’effort continu d’une attention persévérante.
Henri Bergson, Le Bon Sens et les études classiques (2010)
L’enfant n’aperçoit dans la nature extérieure que ces formes grossières et conventionnelles dont il jette le dessin sur le papier dès qu’il a un crayon en main : elles s’interposent, chez lui, entre l’oeil et l’objet ; elles lui présentent une simplification commode, et chez beaucoup d’entre nous, elles continueront de s’interposer ainsi, jusqu’au jour où l’art viendra nous ouvrir les yeux sur la nature.
Henri Bergson, Le Bon Sens et les études classiques (2010)
On estimait sans doute que les langues anciennes, découpant selon les lignes bien différentes des nôtres, la continuité des choses, conduisaient par un exercice plus violent et plus rapidement efficace, à la libération de l’idée.
… …, … (2010)
J’essaye de m’expliquer mais je suis bien meilleur quand je râle.
Henry Miller, Lire aux cabinets (2010)
Il paraît qu’il y a des gens qui ont une étagère avec des livres dans leurs cabinets.
Henry Miller, Lire aux cabinets (2010)
Il y a une race d’hommes qui ne peuvent s’empêcher de lire tout ce qui leur tombe sous les yeux ; ils lisent à la lettre tout, même les annonces d’objets perdus dans les journaux. Ce sont des obsédés, et nous ne pouvons que les plaindre.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
Cette haine immortelle, et de plus en plus allumée, qui anime les peuples démocratiques contre les mondres privilèges, favorise singulièremnt la concentration graduelle de tous les droits politiques dans les mains du seul représentant de l’Etat.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
On peut dire également que tout gouvernement centre adore l’uniformité : l’uniformité lui évite l’examen d’une infinité de détails dont il devrait s’occuper, s’il fallait faire la règle pour les hommes, au lieu de faire passer indistinctement tous les hommes sous la même règle.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
Le goût de la tranquillité publique devient une passion aveugle, et les citoyens sont sujets à s’éprendre d’un amour désordonné pour l’ordre.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
A mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre de fonctionnaires qui le répresentent s’accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chez chacune d’elles [les âmes des hommes] l’aristocratie.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
[A propos des tribunaux administratifs] On laisse à l’ancien pouvoir judiciaire son indépendance, mais on resserre sa juridiction, et l’on tend, de plus en plus, à n’en faire qu’un arbitre entre des intérêts particuliers.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
Ils avaient voulu être libres pour pouvoir se faire égaux, et, à mesure que l’égalité s’établissait davantage à l’aide de la liberté, elle leur rendait la liberté plus difficile.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
La presse est, par excellence, l’instrument démocratique de la liberté.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
Les peuples démocratiques ont naturellement plus besoin de formes que les autres peuples, et naturellement ils les respectent moins. Cela mérité une attention très sérieuse.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
La raison en est simple : quand on viole le droit particulier d’un individu dans un temps où l’esprit humain est pénétré de l’importance et de la sainteté des droits de cette espèce, on ne fait de mal qu’à celui qu’on dépouille ; mais violer un droit semblable, de nos jours, c’est corrompre profondément les moeurs nationales et mettre en péril la société tout entière ; parce que l’idée meême de ces sortes de droits tend sans cesse parmu nous à s’altérer et à se perdre.
Alexis de Tocqueville, Le despotisme démocratique (2010)
Une nation ne peut rester longtemps forte quand chaque homme y est individuellement faible. On n’a point encore trouvé de formes sociales ni de combinaisons politiques qui puissent faire un peuple énergique en le composant de citoyens pusillanimes et mous.
Arthur Miller, mort d’un commis voyageur (2010)
Je voudrais tout de même bien être propriétaire d’un truc avant qu’il ne soit en morceaux… […] Le jour où tu as tout payé, le truc te claque entre les mains.
Suzanne Lebeau, La montagne, l’enfant et la mangue (2010)
Nous n’avons pas dit un mot jusqu’à à la maison et le silence pesait entre nous de tous ces secrets dont nous étions faits.
Jared Diamond, Pourquoi l’amour est un plaisir (2010)
Certaines espèces lésinent sur les réparations et produisent des bébés très vite, mais meurent jeunes comme les souris. D’autres, comme les humains, investissent lourdement en réparation, vivent presque un siècle, et peuvent produire pendant ces années tout au plus une douzaine d’enfants.
Jared Diamond, Pourquoi l’amour est un plaisir (2010)
Une comparaison avec nos parents les grands singes suggère que la taille du pénis humain dépasse le strict nécessaire fonctionnel.
Katherine Paterson, Jacob Have I Loved (2010)
My grandmother always complained that no good Methodist would ever put spirits into food. Our soup always had a spoonful or two of her carefully hoarded sherry ladled into it. My grandmother complained, but she never left any in the bowl.
Katherine Paterson, Jacob Have I Loved (2010)
On Saturday night, five or six of the valley men get blind drunk and beat their wives and children. In the Protestant homes, I am told it is a Catholic problem, and in the Catholic homes, a Protestant.
Katherine Paterson, Jacob Have I Loved (2010)
I suppose every mother is reduced to idioty when describing her firstborn, but, oh, he is a beauty - large and dark like his father, but with the bright blue eyes of the Bradshaws.
Cicéron, Le bonheur dépend de l’âme seule (2010)
J’ai suivi de préférence la secte de philosophie dont Socrate, je crois, employait les procédés : dissimuler son opinion propre, délivrer les autres de l’erreur et chercher partout le plus vraisemblable.
Cicéron, Le bonheur dépend de l’âme seule (2010)
Il est préférable de devancer un peu la mort qui approche, comme l’a fait Catulus, plutôt que d’effacer, comme l’a fait Marius, le souvenir de ses six années de consulat et de déshonorer ainsi les dernières années de sa vie.
Cicéron, Le bonheur dépend de l’âme seule (2010)
Je vois mal comment les plaisirs passés peuvent calmer les maux présents.
Jack Kerouac, Grand voyage en Europe (2010)
A la gare, j’ai mis cinquante francs dans le distributeur à chewing-gum, mais je n’ai rien obtenu en échange ; et les employés m’envoyaient de l’un à l’autre avec un aplomb déconcertant (« Demandez au contrôleur !) et (« Le contrôleur ne s’occupe pas de ça. »).
Jack Kerouac, Le vagabond américain en voie de disparition (2010)
Le vagabond américain a bien du mal à mener sa vie errante aujourd’hui avec l’accroissement de la surveillance que la police exerce sur les routes, dans les gares, sur les plages, le long des rivières et des talus, et dans les mille et un trous où se cache la nuit industrielle.
Jack Kerouac, Le vagabond américain en voie de disparition (2010)
L’époque de l’avion à réaction crucifie le vagabond : comment ce dernier pourrait-il voyager clandestinement dans un avion de messagerie ?
Jack Kerouac, Le vagabond américain en voie de disparition (2010)
Le clochard américain est en voie de disparition et il en sera ainsi tant que les shérifs opéreront comme l’a dit Louis-Ferdinand Céline, « une fois pour un crime et neuf fois par ennui ».
Jo Hoestland, La demoiselle d’horreur (2010)
A les entendre, ce serait ma faute si l’on n’avait pas de sous pour faire un mariage de princesse à ma soeur.
Henry Thoreau, La désobéissance civile (2010)
Que chacun soit informé par la présente que moi, Henry Thoreau, ne souhaite pas être considéré comme appartenant à toute société constituée à la quelle je ne me serais pas formellement associé.
Henry Thoreau, La désobéissance civile (2010)
Ils parlent de faire évoluer la société mais n’ont aucun point de répère en dehors d’elle.
Bruno Castan, L’enfant sauvage (2010)
Maintenant qu’il ne recherche plus la liberté dont nous l’avons privé, allons-nous l’abandonner de nouveau, avec sa sensibilité toute neuve, mais cette fois dans l’enfermement, dans la misère et la tristesse d’un asile ?
Franz Kafka, Lettre au père (2010)
Selon une opinion répandue, la peur du mariage viendrait souvent de ce que l’on craint d’avoir des enfants qui vous feraient payer plus tard tous les torts qu’on a eu soi-même envers ses parents.
Franz Kafka, Lettre au père (2010)
Mais l’obstacle essentiel à mon mariage, c’est la conviction, maintenant indéracinable, que pour pourvoir à la suffisance d’une famille et combine plus encore pour en être vraiment le chef, il faut avoir toutes ces qualités que j’ai reconnues en toi, bonnes et mauvaises prises ensemble telles qu’elles se trouvent organiquement réunies dans ta personne, c’est-à-dire de la force et du mépris pour les autres, de la santé et une certaine démesure, de l’éloquence et un caractère intraitable, de la confiance en soi et de l’insatisfaction à l’égard de tout ce qui n’est pas soi, un sentiment de supériorité sur le monde et de la tyrannie, une connaissance des hommes et de la méfiance à l’endroit de la plupart d’entre eux - à quoi s’ajoutent des qualités entièrement positivess telles que l’assiduité, l’endurance, la présence d’esprit, l’ignorance et la peur.
Franz Kafka, Lettre au père (2010)
Incapable de vivre, voilà ce que tu es ; mais pour pouvoir t’installer commodément dans ton incapacité et y rester sans te faire de soucis ni de reproches, tu démontres que je t’ai enlevé ton aptitude à vivre et que je l’ai mise dans ma poche. Dès lors, que t’importe d’être incapable de vivre, puisque c’est moi qui en porte la responsabilité - toi, cependant, tu t’étends tout de ton long et tu te traînes par moi à travers la vie.
Jane Austen, Lady Susan (2010)
Lorsqu’on a envie de détester quelqu’un, on est jamais à court de raisons pour cela.
Jane Austen, Lady Susan (2010)
J’ai vraiment de l’affection pour lui tant il est facile de lui en imposer.
Sénèque, De la constance du sage (2010)
Ne pas être vaincu, être quelqu’un contre qui la Fortune ne peut rien, c’est appartenir à la république du genre humain.
Sénèque, De la constance du sage (2010)
Combien voit-on de vieillards chargés d’ans, qui n’ont d’autre preuve à fournir de la longueur de leur vie, que le nombre de leurs années !
Sénèque, De la constance du sage (2010)
N’attends pas que les événements t’éloignent de toi-même, sépare-toi d’eux.
Sénèque, De la constance du sage (2010)
Tu comprends bien, je suppose, qu’il [Athénodore] serait bien moins allé chez ceux qui s’acquittent des services de leurs amis en les invitant à dîner, qui comptent chacun de leurs plats comme une largesse, comme si leurs excès devaient honorer leurs hôtes ! Supprime leur témoins et spéctateurs : une orgie confidentielle ne leur dira rien.
Sénèque, De la constance du sage (2010)
A quoi bien ces livres innombrables, ces bibliothèques, dont le propriétaire dans sa vie entière a à peine lu les titres ? Cette foule livres alourdit et n’instruit pas ; il vaut mieux te confier à un petit nombre d’auteurs, que d’aller ça et là à travers leur multitude.
Sénèque, De la constance du sage (2010)
C’est du reste une loi, que la douleur d’un désir frustré atteint moins profondément l’âme quand on ne s’est pas promis un succès assuré.
Gandhi, La voie de la non-violence (2010)
La population du globe n’augmentera de manière harmonieuse que si l’home maîtrise son instinct génésique. Le sort de notre planète en dépend et le devoir nous incombe d’autant plus que le monde est un miroir où Dieu aimeà voir jouer les reflets de Sa propre gloire.
Gandhi, La voie de la non-violence (2010)
A mon avis, il n’y avait qu’un moyen de faire comprendre aux coupables la gravité de leur faute et la douleur que j’en resentais : je devais m’omposer à moi-même une pénitence. Je me soumis donc à un jeûne de sept jours et m’engageai par voeu à ne prendre qu’un seul repas par jour pendant quatre mois et demi.
Gandhi, La voie de la non-violence (2010)
Avant de défendre les intérêts d’un nouveau client, je tenais toujours à lui préciser qu’il ne fallait pas compter sur moi pour défendre une cause injuste ou faire parler les témoins dans le sens de ses intérêts. Bientôt ma réputation me valut de ne plus avoir d’affaires véreuses à défendre, au point que certains clients me réservaient leurs bonnes causes et portaient ailleurs celles qui étaient suspectes.
Gandhi, La voie de la non-violence (2010)
Quand j’ignorais un point de droit, je ne m’en cachais nullement à mon client ou à mes collègues. S’il m’arrivait de ne voir aucune solution, j’invitais mon client à consulter un autre avocat. Cette franchise me valut de la part de mes clients une confiance et une affection sans bornes. Et même si je leur demandais de s’adresser à un collègue plus expert ils n’en étaient pas moins désireux de me verser des honoraires.
Gandhi, La voie de la non-violence (2010)
Le Christ est un asiatique dont le message fut transmis selon des moyens très divers ; mais lorsque cette religion reçut le soutien d’un empereur romain, elle devint impérialiste et l’est restée jusqu’à ce jour.
Hermann Hesse, Siddhartha (2010)
Crois-tu vraiment que les folies que tu as faites, c’est pour les épargner à ton fils ?
Hermann Hesse, Siddhartha (2010)
Le Savoir peut se communiquer, mais pas la Sagesse.
Marai Sandor, L’héritage d’Esther (2010)
Les amours sans espoirs durent toujours.
Marai Sandor, L’héritage d’Esther (2010)
Je devinais confusément que Lajos était capable de se dévouer pour l’humanité - ou plutôt pour l’idée qu’il s’en faisait ; il préférait les idées à la réalité, celles-là étant moins dangereuses et moins exigeantes que celle-ci.
Marai Sandor, L’héritage d’Esther (2010)
Je suis restée seule, comme une vieille fille qui a tellement économisé ses émotions qu’elle finit par adopter un chien ou un chat.
Henri Michaux, La vie dans les plis (2010)
Comment me venger de lui ? Je le mis dans un sac. Là je pouvais le battre à mon aise. Il criait, mais je ne l’écoutais pas. Il n’était pas intéressant.
Henri Michaux, La vie dans les plis (2010)
Ce fut une épopée de géants. Nous la vécûmes en fourmis. Nous triomphâmes ainsi. Sucès par la porte basse. Mais une altération en nous après des années écoulées, s’aggravant sans cesse, nous avertit présentement de la faille qu’en géant il nous fallait surmonter, désormais dans nos organes installée, étrangement petite encore, mais grandissant posément, pour le dérèglement définitif de tout notre être en vain livré aux regrets.
Henri Michaux, La vie dans les plis (2010)
L’oeuvre magnifique du courageux petit bâtisseur doit être ruinée pour le bénéfice du vieil avare attaché à la vie.
brèves de comptoir, à Montmartre (2010)
[A propos d’une histoire d’amour] Peut-être que je ne vais pas souffrir comme je le voudrais.
Paul Hoffman, The Man Who Loves Only Numbers (2010)
Mathematics was his first love. He never came on to women - and he never wanted to.
Philippe Noiret, Mémoire cavalière (2010)
Mon cher Philippe, ce serait peut-être bien que tu te rendes compte qu’il y a des gens qui jouent très juste et qui n’intéresseront jamais personne, et d’autres qui peuvent peut-être jouer faux, mais qui ont du génie…
Philippe Noiret, Mémoire cavalière (2010)
Comme tous les gens qui affectent de dédaigner les succès publics, il dissimulait une insatisfaction profonde à ce sujet.
Philippe Noiret, Mémoire cavalière (2010)
Il m’a fait comprendre que mes refus seraient plus importants que mes acceptations et qu’on faisait plus en disant non qu’en disant oui.
Véronique M. Le Normand, Les égarements de Lily (2010)
En Allemagne, l’étudiant est tout de suite mis au rang de chercheur. Il n’y a pas de sujet collectivement imposé, chacun rédige son devoir écrit, comme si c’était un article. Ce qui intéresse les professeurs, c’est la démarche. […] Au début, j’ai été déconcerté par la prise de parole permanente des étudiants durant les séminaires, j’aurais préféré gratter dans un cours magistral.
Nancy Mitford, Madame de Pompadour (2010)
[Madame de Pompadour] Il ne manque pas d’esprit, mais il est trop vrai. Sa vérité va quelque fois vers la dureté. Il est singulier que cette vertu soit punie dans ce pays-ci.
Nancy Mitford, Madame de Pompadour (2010)
Comme beaucoup de femmes sans enfant, Madame de Pompadour se mit à aimer de plus en plus les chiens et divers animaux d’appartement.
Nancy Mitford, Madame de Pompadour (2010)
La bibliothèque de quelqu’un qui lit est un guide infaillible pour connaître sa mentalité.
Winston Churchill, Annotation en marge d’un long mémorandum présenté par Anthony Eden au Premier Ministre (2010)
This paper by its very length defends itself against the risk of being read.
Agatha Christie, L’affaire Prothéro (2010)
Il n’existe pas dans toute l’Angleterre un policier pour rivaliser avec une vieille fille qui n’a rien à faire.
Agatha Christie, L’affaire Prothéro (2010)
Je pense que lorsque mon heure sera venue, il ne me plairait pas de comparaître devant Dieu avec le seul mérite d’avoir été juste. Car cela reviendrait à dire que la seule justice devrait m’être appliquée à moi-même.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
It is not too much fun to know yourself too well or to think you do - everyone needs a little conceit to carry them through and past the falls.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
One’s own truth is just that really - one’s own truth.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
My feeling doesn’t happen to swell into words.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
I’m always afraid when someone paraises me it’s even worse in its own peculiar way in that particuliar way it makes me suffer with such misgivings.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
the pain of his longing when he looks at another like an unfulfilment since the day he was born
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
Always admired men who had many women. It must be that to a child of a dissatisfied woman the idea of monogamy is hollow.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
There is always concentration between the actor and suicide.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
I had the feeling they look more for discipline and that they let their patient go after the patients have « given up ». They asked me to mingle with the patients, to go out to O.T. (Occupational Therapy). I said: « and do what? » They said: « You could sew or play checkers, even cards and maybe knit. » I tried to explain the day I did that they would have a nut on their hands.
Marilyn Monroe, Fragments (2010)
I am at ease with people I trust or admire or like the rest I’m not at ease with;
Bernard Beckett, Genesis (2010)
C’est le problème lorsqu’on érige des héros. Pour les garder purs, il nous faut les rendre bêtes. Le monde est bâti sur des compromis et des incertitudes, or, c’est un endroit trop complexe pour que des héros y prennent vie.
Bernard Beckett, Genesis (2010)
Il en connaissait assez pour savoir que l’humanité était condamnée à répéter ses erreurs jusqu’à ce que la planète se lasse de ses excès.
Jean-Luc Mouton, Calvin (2010)
La Loi nous révèle notre propre condamnation, car nous sommes incapables par nous-mêmes de faire le bien. A tenter d’observer malgré tout la loi, on ne peut que connaître l’échec et la désespérance. […] Aucun accomplissment de la volonté de Dieu n’est réellement possible à l’homme. Seule et livrée à elle-même, elle n’est que condamnation.
Jean-Luc Mouton, Calvin (2010)
La Loi est comme un miroir qui nous montre notre faiblesse.
Jean-Luc Mouton, Calvin (2010)
Les autorités s’emploient à séparer les enfants de leurs familles pauvres pour les confier à des sociétés d’assistance qui sont chargées de leur fournir une éducation et un métier. Résultat, alors que l’on peut suivre, en France et dans quelques sociétés latines, la dramatique transmission à travers les générations de conditions d’exclusion et de misère, les sociétés protestantes échappent à cette fatalité. On ne trouve plus chez elles ni à Genève au cours des siècles suivants ces tristes lignées d’exclus et de pauvres.
Jean-Luc Mouton, Calvin (2010)
La conscience peut erreur, mais il n’y a pas de liberté sans la liberté de se tromper en toute bonne foi.
Stéphanie Bonvicini, Marianne Ratier, La petite taiseuse (2010)
Installe-toi dans le regard de quelqu’un, tu pourras y lire tout ce qu’il a à dire.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Les mauvais médecins seraient donc ceux qu’on aime assez pour vouvoir les intéresser à ses propres maux ; et les bons médecins sont ceux au contraire qui vous demandent selon l’usage : « Comment allez-vous ? » et qui n’écoutent pas la réponse.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Lorsqu’on s’est guéri de sa prudence, il reste sans doute à se guérir aussi de la prudence.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
La société ne donne rien à qui ne demande rien.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Que bravait-il ? L’opinion, ou plutôt l’opinion qu’il avait de l’opinion, et aussi l’opinion qu’il avait de soi. Non pas. tous sont ainsi, mais ils ne le savent pas ; et chacun suit son personnage.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Il y a des familles où il est tacitement convenu que ce qui déplaît à l’un est interdit à tous les autres. […] Il y a aussi d’autres familles où la fantaisie de chacun est chose sacrée, chose aimée, et où nul ne songe jamais que sa joie puisse être importune aux autres. Mais ne parlons pas de ceux-là ; ce sont des égoïstes.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
La mariage doit être indissoluble au regard de la volonté.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
La vie publique occupe l’homme et le détourne de cette oisivté de complaisance, dans laquelle il n’est jamais naturel, quelque bon vouloir qu’il y mette. C’est pourquoi il y a toujours à craindre pour un ménage trop isolé et qui se nourrit d’amour seulement. Ce sont des barques trop légères, trop mobiles au flot, sans lest.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
La tristesse éloquente toujours, impérieuse toujours, ne veut jamais qu’on soit juste.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Je donnerais comme règle d’hygiène : « N’aie jamais deux fois la même pensée. »
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Je ne m’étonne pas que le jeu soit le seul remède à l’ennui ; car l’ennui est principalement de délibérer, tout en sachant qu’il est inutile de délibérer.
Alain, Propos sur le bonheur (2010)
Un homme impoli est encore impoli quand il est seul.